Moins d’intérêt pour la pornographie en ligne. Après cinq ans à visiter ces boîtes à image, il me semble qu’elle suivent la même courbe fonctionnaliste que la société: combinaisons plus audacieuses et moins excitantes, jeu d’assemblages en partie informée par l’idéologie de l’indifférenciation (un homme est une femme, un noir un blanc, une grosse une maigre) et publication de corps tronqués (bandeaux, flous et hors-champ, la plupart des modèles étant décapités.) Comparées avec les textes de fantaisies érotiques de Pierre Louÿs ou de Sade — ces prouesses de perversité masculine (car quoiqu’on en dise, la pornographie est essentiellement mâle) — ces images manquent de puissance. En revanche, les grands sites mondiaux de nus sont utiles à fréquenter pour ce qu’ils trahissent de nos passions sociales, de nos espoirs et de nos peurs. A noter que ces sites, j’étais loin d’en douter, ont une histoire; le contenu proposé au voyeur a beaucoup changé (dans la forme, mais aussi sur le fond) depuis mes première circulations à l’époque où j’écrivais Le triptyque de la peur (2014).