Etrusques

A Volter­ra, l’un des forter­ess­es étrusques de Toscane pour l’an­niver­saire de Gala. La ville est per­chée à sept cent mètres, emmu­rail­lée, creusée, bâtie, sur­bâtie. Dans son tabli­er, un vig­no­ble vert et l’an­cien théâtre romain. Une splen­deur. D’abord, nous croyons trou­ver deux rues en croix, une place d’église à l’une des extrémités, la place du Prieuré à l’autre, puis nous voyons que le plan est tortueux, com­pliqué par les peu­ples suc­ces­sifs qui ont occupé le site, Etrusques, Romains, Ital­iens. Et puis il y a de la moder­nité dans l’an­cien. Les tours de la forter­esse par exem­ple, ron­des, mas­sives et crénelées, avec leur chemin de guet, sont plan­tées de caméras élec­tron­iques: l’éd­i­fice médié­val abrite désor­mais un “pen­iten­ziario statal”. Nous mar­chons dans un parc en pente. Sur la pelouse lumineuse, à l’om­bre des grands saules des cou­ples. De l’autre côté, ce truc. A l’op­posé, une acro­p­ole. En pro­fondeur, acces­si­ble par un escalier à vis, des ther­mes. Au loin, des cen­taines de collines. Plus loin, Pise et la mer. Cepen­dant, que l’on imag­ine pas cette cité soli­taire et vil­la­geoise. L’his­toire l’ayant riche­ment dotée, le com­merce se charge de faire fruc­ti­fi­er l’héritage. On y par­le donc toutes les langues du monde et les corps, pressés de voir, de sen­tir, de vivre, de manger et de boire, se bous­cu­lent. Touristes français, hol­landais, allemands,qui gar­ent leurs voitures et car­a­vanes au pied du mont et, pour gag­n­er le cœur his­torique, gravis­sent les escaliers de pierre plate envahis de végé­ta­tion qui ser­vaient déjà au temps de César. Cela m’ef­fraie. Chaque jour un peu plus, la foule m’ef­fraie. Je peine à voir der­rière son pas­sage ce qu’il faut voir, les murs, les nich­es, les voûtes, les puits, les bla­sons, je ne vois que la foule. Après une sieste à l’hô­tel, nous ressor­tons: ça va mieux. Nou­velle déam­bu­la­tion qui se ter­mine dans un jardin au bas de la muraille Nord. Nous dînons là, sous des para­sols blancs. Au dessert, la patronne vient cueil­lir de la men­the pour faire des colonels. Mais le meilleur moment est pour le lende­main, lorsque nous allons au musée Guar­nac­ci. La col­lec­tion présente plusieurs cen­taines d’urnes étrusques en tuf, en mar­bre, en albâtre dans un silence spec­tral. La vis­ite se fait sur trois étages, des passerelles de bois sont instal­lées pour guider l’a­ma­teur au-dessus des mosaïques romaines. De cette tran­quille médi­ta­tion, on ressort avec une seule envie: se plonger dans les livres et l’étude.