Que je me souvienne, jamais mes mouvements ne furent aussi réduits. Ce n’est pas une température de 30, 34 voire 38 degrés qui freine l’activité, mais son installation dans le régime quotidien. Il fait ici, dans la cuvette florentine, une trentaine de degrés nuit et jour. Quand on sort, c’est tard. Quand on sort, on ne va pas très loin. Quand on sort, c’est pour rentrer. Mon meilleur moment a lieu à midi, quand péniblement réveillé après cinq tasses de Lavazza, je poursuis ma traduction. Il me semble alors que je renoue avec une activité du temps normal, social, volontaire. Ensuite, je combine le puzzle quotidien, joins les jours les uns aux autres. Détail qui me plaît, le faubourg est abandonné. Les rideaux de fer descendus, les habitants sont partis. Accrochées par un fil, des pancartes découpées dans le carton annoncent les commerçants “in vacanza”.