Autre monde

Partout des appels à la créa­tion d’un nou­veau monde. Les out­ils man­quent. A moins que ce soit l’homme. Car­i­ca­ture de ce qu’il était, dépos­sédé de son imag­i­na­tion par trois siè­cles de matéri­al­isme, il ne sait plus créer. Ce qui est par­ti­c­ulière­ment vrai du secteur le plus malade de notre société, les cap­i­tal­istes endur­cis. Gérants ou ren­tiers qu’un mode de vie fondé sur la cul­ture du corps a vidé des tout esprit : ceux-là s’en­fer­rent à vivre engoncé dans la matière ou, quand ils sont pris d’an­goisse, délirent sur le posthu­main. Mais les autres? Nous tous? Nous voyons le monde actuel cir­con­scrit, sat­uré, sur­in­ter­prété. Dans l’é­tat, nul ne juge l’ex­péri­ence pérenne (je ne par­le pas d’é­colo­gie, mais bien de psy­cholo­gie). Ce monde suc­combe, et nous avec lui. Mais alors pourquoi ne pas réa­gir? D’abord, parce que les out­ils de créa­tion, détru­its par un siè­cle et demi de cri­tique matéri­al­iste, sont rouil­lés et que nous avons trans­fér­er notre savoir-faire aux grands réseaux d’au­to­mates que con­trô­lent les cap­i­tal­istes endur­cis; ensuite, parce que sor­tir du monde plat dans lequel ces mêmes com­man­deurs nous enfer­ment est dif­fi­cile. C’est que nous man­quons de temps libre: comme dans tout total­i­tarisme en effet, le temps est aliéné. Enfin, parce que nous espérons “tenir encore un peu”, sen­ti­ment lié à l’é­pargne, c’est à dire au tra­vail con­sen­ti, dont nous atten­dons logique­ment une récom­pense. Et pour­tant, ce mou­ve­ment de sor­tie du monde actuel aura lieu. Je dirais même qu’il ne saurait tarder. Aus­si est-il urgent de four­bir ses outils.