Parc

Il y a sur le bord de la riv­ière, un parc alan­gui et chaud, entretenu et désor­don­né, rem­pli de toutes les espèces d’ar­bres. Nous y allons en voiture, car entre notre corps de ferme et le parc, passe une route. Sur le park­ing du ter­rain de foot, près de la borne d’eau gazeuse munic­i­pale, je décharge le vélo de Gala. Elle s’en va, je pars à la course. Sen­tiers et voies de bitumes per­me­t­tent de se fau­fil­er sous la frondai­son. Moi qui ne sait rien de l’I­tal­ie, je dirais qu’il n’y a pas plus ital­ien que ce parc. L’a­ban­don est pal­pa­ble, mais c’est à la nature que les hommes ont aban­don­né le parc, et il y règne une tran­quille sauvagerie. D’ailleurs, les gens sont sur­pris. Ils n’ont pas tort; en marchant à tra­vers les aplats d’herbes, les buis­sons, le bran­chage, on a l’im­pres­sion que l’on trace une voie. Qu’un autre promeneur suive la même voie est donc une sur­prise. En réal­ité, on a sous les pieds un chemin, mais si peu dess­iné, si divaguant, que l’on croirait le créer au rythme de son avancée. A petits foulées, je cours trois quart d’heure, répé­tant une boucle, tan­tôt sous les soles pleureurs, tan­tôt le long des aires de jeux. Dans un coin reculé, j’aperçois le vélo de Gala. Elle cueille des ceris­es et des prunes. De retour à la voiture où nous avons pris ren­dez-vous afin d’aller chercher notre vin avant la nuit, je ne vois pas Gala. En revanche, une femme me regarde. Je fais de même. Puis con­tin­ue mes exer­ci­ces d’as­sou­plisse­ment. Souf­fle et passe devant elle. M’en vais. Elle vient dans ma direc­tion. Je la salue. Elle répond. C’est une invitation.