Après six jours d’un travail de correction de l’essai Hommemachine, je m’assieds sur notre terrasse de Galluzzo et me découvre silencieux, inquiet, angoissé. Gala parle, je ne suis pas. Elle sert, je mange à peine. Elle verse du vin, je bois de l’eau. J’ignore si les prochains lecteurs de cet exposé sur la clôture sociale par le neuromarketing, le libéralisme dévoyé et la robotique feront la même expérience, mais pour moi, je suis assommé. Sur trois chapitres, les raisonnements sont boulonnés. Violente la charge. Et quand on réécrit, impossible de négliger un passage, de papillonner, il faut se pénétrer de chacun des arguments, les soupeser, au besoin les renforcer. D’où cette étrange intoxication. Quelque six mois après la première rédaction du texte, je le lis sans pouvoir me départir du sentiment qu’il dit vrai. Or, ses thèses étant les miennes, c’est dire avec quelle puissance elles emportent mon adhésion. Avec pour effet paradoxal la confirmation objective de mes pires attentes.