Kiev 3

Tir aux pigeons dans une ban­lieue de la cap­i­tale. Au bout d’une allée encadrée d’ar­bres dont les branch­es ont été tronçon­nées, un tank. Trois hommes en kaki fument. Nous rejoignons le stand à pied. Tirons en plein champ. Les lots de car­touch­es épuisés, retour sur le chemin. Pho­to de ces arbres vio­len­tés qui ressem­blent à des pieux. Dans la forêt, des coups de feu. Autre stand. Brin­que­bal­ant. Sorte de masure pour­rie sur les rives du Mékong. L’in­struc­teur, lui, est solide. Pat­i­bu­laire même. Et crasseux, bru­tal. Les yeux plein d’al­cool, le T‑shirt en sueur, une pis­to­let à la hanche, il est entouré d’ado­les­cents qui font leur bap­tême. Alors qu’il nous fait signe d’ap­procher, un tireur décharge sa Kalaschnikov. Mon oreille qui sif­fle toute l’an­née, réag­it mal. Je me jette sur les Pamirs. Des loques. Ne pro­tè­gent pas. Heureuse­ment, j’ai sur moi des tam­pons de cire. Je les cale. Suf­fit pas. Mais surtout, le tireur sem­ble dan­gereux. Cig­a­rette au bec, il retire le mag­a­sin de l’arme entre deux coups, tape sur la culasse, envoie des pruneaux trop bas, dans la clô­ture, trop haut, dans le talus. Evola et Mon­a­mi tirent assis sur un tabouret ban­cal, le canon posé sur un bloc de vieille mousse. Je passe mon tour, vais dans la forêt. Une rom­bière en mini­jupe, la tig­nasse décol­orée, s’a­muse avec son caniche. Elle a une hache à la main. Son marie fouille le cof­fre de la voiture. La rom­bière va au stand, embrasse le pat­i­bu­laire. Je regarde ce que fait le chien. Il évite les balles. Le pat­i­bu­laire laisse le stand aux tireurs. Il vient saluer le chauf­feur de la voiture. Ensem­ble, il tirent du cof­fre le matériel d’un pique-nique. Ils vont boire et manger au milieu des coups de feu.