Guadalajara 3

A son tour, Gala regarde par la fenêtre de la cham­bre d’hôtel. Prés noirs, ter­rains vagues, puis la nuit en pente douce jusqu’aux collines. La route file à l’est vers la Castille de Don Qui­chotte, oliviers, moulins, forts en ruines.

-Tu es sûr qu’il y avait des réverbères ?

-Mais enfin !

-Oui, oui. Enfin, moi, je n’en sais rien, je ne suis jamais repassée par ici. 

Ce qui est faux : nous y sommes venus deux fois, ensem­ble, après le voy­age d’été à Tolède et Alcazar de San Juan. J’insiste. Gala aus­si : elle est cer­taine. Mémoire pour mémoire, la mienne est plus incer­taine que je ne le crois. En effet le lende­main, tan­dis que je com­pile pour une revue de Paris des extraits du Jour­nal de l’année 2007, je jette un œil à des notes plus anci­ennes et tombe sur cette remar­que de l’automne 1980 : « la pre­mière chose que nous avons fait à New-York, ce qui n’est pas bien orig­i­nal, est de mon­ter au cent-unième étage du World Trade cen­ter ». Alors qu’après l’effondrement, comme le sujet était sur toutes les lèvres, je dis­ais n’y être jamais monté.