Le paysan me donne une laitue.
-On a mis dessus que de la bouse de vache.
Mois : août 2018
Gide
Après plusieurs années, je reprends la lecture de Gide. L’élégance de la langue, la sobriété associée à la finesse des sentiments créé un effet rare de beauté. Ainsi dans La porte étroite: “Un soir que je m’attardais à lire, étendu sur le gazon à l’ombre d’un des grands hêtres pourpres, séparé de l’allée aux fleurs simplement par la haie de lauriers qui empêchait les regards, point les voix, j’entendis Alissa et mon oncle.”
Mil deux cent mètres
Pendant la fête, le maire me fait: “tu es monté à vélo ? Au refuge? Eh bien! Justement, on va faire le chemin avec des amis. Je te dirais!” Le lendemain: “tu es déjà monté par la piste des Blancs?”. Ce qui me donna à penser qu’il avait bu et confondait; j’oubliais l’affaire d’autant plus que moi aussi j’avais bu, bref, j’avais dû mal comprendre, il n’était pas question de sortir ensemble à vélo. Or, ce vendredi, après mon travail d’écriture, comme je me balade le long de la rivière ma chope de bière à la main, je croise le maire:
-Rendez-vous sur la place demain à huit heures!
De retour à la maison, je m’aperçois que j’ai accepté et vais devoir refaire les vingt kilomètres d’ascension sur ce chemin de cailloux et je m’inquiète: à mon rythme c’était pénible; pire que ça, affreux. Deux heures trente à pédaler par des pentes de douze et quatorze pour cent sur des roues qui patinent (je n’ai pas de VTT). Inquiet, je me couche tôt et dors mal. Des cyclistes me poursuivent. Je vole un tank. La tourelle est fermée. J’oriente le canon. Il démarre. J’écrase les cailloux de la piste: ainsi les pneus accrocheront. Dès que j’ai pris l’avantage sur les poursuivants, je saute sur mon vélo. Il résiste. Il est à plat. Crevé. Je vois: il roule sur la chambre à air… Sept heures sonnent. Je déjeune, je m’équipe, je rejoins la place. Le maire me présente aux huit grimpeurs. Ils arrivent de la ville voisine, à vélo, par les cols, sur des machines dernier cris (l’un d’entre eux à même un moteur). Cinq minutes plus tard, nous sommes en route. Les plus forts prennent de l’avance, disparaissent. Je lutte pour rester dans le groupe du maire. Comme moi, il souffre. Le rythme est trop élevé. Au bout de la première heure, j’ai un doute: vais-je tenir?
-Vous avez vos pulsations?
Les coéquipiers consultent leur ordinateurs. Cela me rassure, je suis dans la moyenne et ils ont vingt ans de moins. Mais bon, encore faut-il tenir. A mi-distance, j’avale un liquide. Première fois que j’essaie un de ces trucs. Effet immédiat: baisse de fatigue et surplus d’énergie. En fin de compte, nous atteignons le sommet en deux heures et quart, soit dix minutes de mieux que lors de ma sortie en solitaire. Alors le maire :
-Le rouleau compresseur est passé lundi, c’est un peu moins dur !