Mois : août 2018

Août 2

Le paysan me donne une laitue.
-On a mis dessus que de la bouse de vache.

Gide

Après plusieurs années, je reprends la lec­ture de Gide. L’élé­gance de la langue, la sobriété asso­ciée à la finesse des sen­ti­ments créé un effet rare de beauté. Ain­si dans La porte étroite: “Un soir que je m’at­tar­dais à lire, éten­du sur le gazon à l’om­bre d’un des grands hêtres pour­pres, séparé de l’al­lée aux fleurs sim­ple­ment par la haie de lau­ri­ers qui empêchait les regards, point les voix, j’en­tendis Alis­sa et mon oncle.”

Août

-J’ai enten­du kax­on­ner. L’épici­er? Un mar­di?
-Oui, me dit la paysan, demain le 15 août, c’est jour férié.
-Quelle fête?
-La vierge d’août.

Conscience

On en dit plus qu’on en sait mais on ne sait plus qu’on ne croit. Con­science n’est pas con­science de con­science. En ce sens, les arché­types uni­ver­saux de Jung n’ont peut-être rien de transin­di­vidu­el. Ils ne seraient que des for­ma­tions automatiques.

Admirations

Ces jours, me admi­ra­tions vont à: Saul Alvarez “El Cane­lo” (boxeur mex­i­cain), Alain Supi­ot (philosophe du droit français), Tom­my Robin­son (patri­ote anglais), Julian Assange (cyber­mil­i­tant aus­tralien), Thom Yorke (chanteur anglais) et Mike Horn (aven­turi­er sud-africain).

Mil deux cent mètres

Pen­dant la fête, le maire me fait: “tu es mon­té à vélo ? Au refuge? Eh bien! Juste­ment, on va faire le chemin avec des amis. Je te dirais!” Le lende­main: “tu es déjà mon­té par la piste des Blancs?”. Ce qui me don­na à penser qu’il avait bu et con­fondait; j’ou­bli­ais l’af­faire d’au­tant plus que moi aus­si j’avais bu, bref, j’avais dû mal com­pren­dre, il n’é­tait pas ques­tion de sor­tir ensem­ble à vélo. Or, ce ven­dre­di, après mon tra­vail d’écri­t­ure, comme je me balade le long de la riv­ière ma chope de bière à la main, je croise le maire:
-Ren­dez-vous sur la place demain à huit heures!
De retour à la mai­son, je m’aperçois que j’ai accep­té et vais devoir refaire les vingt kilo­mètres d’as­cen­sion sur ce chemin de cail­loux et je m’in­quiète: à mon rythme c’é­tait pénible; pire que ça, affreux. Deux heures trente à pédaler par des pentes de douze et qua­torze pour cent sur des roues qui pati­nent (je n’ai pas de VTT). Inqui­et, je me couche tôt et dors mal. Des cyclistes me pour­suiv­ent. Je vole un tank. La tourelle est fer­mée. J’ori­ente le canon. Il démarre. J’écrase les cail­loux de la piste: ain­si les pneus accrocheront. Dès que j’ai pris l’a­van­tage sur les pour­suiv­ants, je saute sur mon vélo. Il résiste. Il est à plat. Crevé. Je vois: il roule sur la cham­bre à air… Sept heures son­nent. Je déje­une, je m’équipe, je rejoins la place. Le maire me présente aux huit grimpeurs. Ils arrivent de la ville voi­sine, à vélo, par les cols, sur des machines dernier cris (l’un d’en­tre eux à même un moteur).  Cinq min­utes plus tard, nous sommes en route. Les plus forts pren­nent de l’a­vance, dis­parais­sent. Je lutte pour rester dans le groupe du maire. Comme moi, il souf­fre. Le rythme est trop élevé. Au bout de la pre­mière heure, j’ai un doute: vais-je tenir?
-Vous avez vos pul­sa­tions?
Les coéquip­iers con­sul­tent leur ordi­na­teurs. Cela me ras­sure, je suis dans la moyenne et ils ont vingt ans de moins. Mais bon, encore faut-il tenir. A mi-dis­tance, j’avale un liq­uide. Pre­mière fois que j’es­saie un de ces trucs. Effet immé­di­at: baisse de fatigue et sur­plus d’én­ergie. En fin de compte, nous atteignons le som­met en deux heures et quart, soit dix min­utes de mieux que lors de ma sor­tie en soli­taire. Alors le maire :
-Le rouleau com­presseur est passé lun­di, c’est un peu moins dur !

Inversion

Lorsqu’on par­le de société, on l’imag­ine à charge; la rai­son voudrait que l’on par­le de faire société, c’est à dire de créer, dans un but de décharge, un sché­ma solidaire.

Être

-Qui êtes-vous?
A l’avenir, j’en prends le pari, la réponse sera:
-Que voulez-vous dire?

Falsification

La ques­tion n’est pas, “que vais-je faire demain?” Mais, “dans l’ab­solu, que veux-je ?” Ce qui per­met de répon­dre à la ques­tion: “veux-je faire ce que je prévois de faire demain?”

Villes

Toute machine fonc­tionne sur l’ap­port extérieur d’én­ergie. Les villes fonc­tion­nent sur l’in­té­gra­tion humaine. En tant que sys­tèmes com­plex­es, elles sor­tent du sys­tème des prob­a­bil­ités quant l’ap­port énergé­tique dépasse la capac­ité de recyclage.