Impressionné par La porte étroite de Gide que je croyais avoir lu, au point d’en parler dans Fordetroit, et que je lis en fait pour la première fois. L’élégance de la phrase, sa simplicité créent un climat extraordinaire. Pour l’aventure spirituelle du récit, il est aujourd’hui difficile, du moins pour le barbare que je suis, d’y atteindre pleinement, mais l’effet de beauté, lui, porte. Ceci par exemple, repris de Spinoza (le bonheur n’est pas la récompense de la vertu, mais la vertu elle-même): “Non Jérôme, non, ce n’est pas la récompense future vers quoi s’efforce notre vertu: ce n’est pas la récompense que cherche notre amour. L’idée d’une rémunération de sa peine est blessante à l’âme bien née. La vertu n’est pas non plus pour elle une parure: non, c’est la forme de sa beauté.”
Mois : août 2018
Paella
Luis, mon coiffeur fantasque, cet après-midi, alors que j’attendais ma coupe, disait à son client, un vigneron: “vois-tu Paco, moi qui suis ici, contre les montagnes, avec l’hiver qui vient, l’hiver que je n’aime pas ou, maintenant que j’ai 44 ans, n’aime plus, je vais filer. Là, tu vois, je lâche les ciseaux, je m’en vais! Et où vais-je? Dans les Caraïbes! Faire de la paella! Mais oui Monsieur, dans une grande poêle dieu merci, avec… imagine la photo, deux filles qui dansent (Luis danse), les vois-tu, juste derrière moi, elles dansent (il danse) et admirent cette magnifique paella et la nuit, ah mon ami Paco, la nuit… !
Le client finit. Je prends sa place dans le fauteuil. Et dis:
-A Bangkok, dans un marché, il y a un type, peut-être espagnol, qui fait de la paella. Il ressemble beaucoup à ce que tu décris! Une chose est sûre, il a du succès, il doit bien gagner.
-…
-C’est un marché.
-Je sais.
-Mmh?
-Il est de Logroño. J’ai la photo. Un des mes amis me l’a envoyée. Formidable, n’est-ce pas? Donc moi, dans les Caraïbes…
Essai sur le posthumanisme 5
Demain est important. Jour terminal de rédaction de l’essai. Ainsi voulu. Encore faut-il pouvoir. Depuis ce matin, embrumé de la veille (alcool), je me bats avec les anecdotes de robots qui pourraient judicieusement illustrer le propos dernier de mon raisonnement, l’hybridation homme-machine comme première mouture d’un être post-humain dérogeant à la fois au confinement terrestre et au conditionnement biologique.