Autriche 2

Même si elles ne fonc­tion­nent pas, j’aime les solu­tions sim­ples. “Tu n’as qu’à tra­vers­er ce pont et on va dans le pre­mier vil­lage côté autrichien!”, ai-je dit. Et comme c’est la voiture de Gala et que c’est Gala qui con­duit, je guide, du moins j’es­saie. Je fais: “là!”. Car il m’a sem­blé voir un pan­neau indi­quant notre vil­lage, ce “pre­mier vil­lage autrichien”, Nieder­dorf. Nous roulons sur une voie de ser­vice, devant un bar­rage, au-dessus de plusieurs réser­voirs, puis sur un chemin de terre. Ce n’est pas là. A l’év­i­dence. Pour­tant, j’ai vu un pan­neau. De fait (nous le véri­fierons plus tard), il y a un pan­neau… réservé aux cyclistes. Mais voici le mir­a­cle. Entêtés que nous sommes, nous pour­suiv­ons le long du chemin et soudain, plan­té sur le bord de route, nous trou­vons un édicule en forme de chalet, en réal­ité une vit­rine con­tenant des images de chalets d’été et des Gasthaus, avec chaque fois le nom du pro­prié­taire et son numéro de télé­phone. Tan­dis que je sif­fle et donne des coups de pieds dans les cail­loux, Gala, brusque­ment revig­orée, télé­phone. Et mir­a­cle, le deux­ième, grâce à elle, quelqu’un décroche et dit: “venez, je vous attends”. Ain­si, nous arrivons chez une mer­veilleuse petite dame qui tient, ou plutôt tenait avec son mari, une auberge énorme de trente tables et autant de cham­bres et non, elle ne fait plus com­merce, mais enfin, “vous êtes là, je vais vous pré­par­er une cham­bre (car, il faut dire, Gala est une femme qui inspire la con­fi­ance, tout le con­traire de ce que j’in­spire — comme quoi les apparences son trompeuse — je plaisante — à moitié…)”. Bref, nous voici dans une cham­bre en bois, avec son bal­con région­al, ses cou­vre-lits brodés et, au rez, son immense salle à boire gar­nie de bocks anciens et de médailles et de scènes de chas­se. Et en atten­dant de prof­iter de cette sit­u­a­tion idéale, comme nous n’ai­mons pas la bière du café de vil­lage, la Anker, nous retra­ver­sons l’Inn et allons boire de l’autre côté, en Alle­magne.