Drôle de temps, dit-on chaque année en mai, c’est le cas; la matinée est ensoleillée, puis les nuages s’amoncellent au-dessus des toits, les moutons bêlent, les gouttes tombent. Avant de se cloîtrer pour éviter l’averse, les voisins sortent dans l’étroite rue boire un vin. Le paysan tape à ma porte. Je sors.
-Les vaches de Roberto ont vêler? Il m’a semblé voir tourner les rapaces qui chassent le placenta.
Ensuite nous parlons de Berlin. La fille du paysan s’est fait dérober son passeport, il a fallut descendre à la ville où la garde civile à envoyer un double à l’aéroport de Shönfeld. J’évite d’insister sur l’insécurité des capitales-poubelles, cela mènerait trop loin. Pour le voisin, c’est un cas isolé, faiblement statistique — vue d’Agrabuey la réalité est autre. Un craquement a lieu dans le ciel. Une grêle s’abat sur le quartier. Je rentre et dresse la tête. A travers les Velux nouvellement posés, je mesure la taille des pépites, songeant aux cerises de Sanz, inquiet pour le capot de ma Dodge. On tape encore à la porte. Sanz, encore lui, il apporte un bol de “perro chico”, champignons ramassés à l’aube sur le versant sud de la montagne.