Vérité d’Etat

G., cette femme de Lon­dres que je souhaitais ren­con­tr­er et avec qui j’ai pris con­tact, autant pour l’avoir aperçue et trou­vée char­mante que pour le car­ac­tère qu’an­nonçait son physique, mais encore du fait de ses préoc­cu­pa­tions intel­lectuelles, tournées vers le vélo de long cours et les vagabondages lit­téraires, habite dans un quarti­er de la cap­i­tale que je con­nais. Or, on y habite parce qu’on est pau­vre, donc faute de pou­voir le quit­ter (j’ex­clus cette rai­son, elle a des moyens, ses livres ren­con­trent le suc­cès), parce qu’on est musul­man (elle ne l’est pas) ou en rai­son, dernière option, d’un par­ti-pris. Ce qui, con­clu­sion oblige, me fait enten­dre que nous ne pour­rons con­vers­er que pour se heurter bien­tôt du fait de nos adhé­sions per­son­nelles. Telle est la divi­sion idéologique intro­duite dans notre démoc­ra­tie par la vérité d’E­tat. Rap­pel d’un temps récent, à l’est, où la méfi­ance démo­bil­i­sait toute ten­ta­tive d’ami­tié (reste l’amour, par nature dangereux).