A Genève, je vais au bureau et remue le stock. A force de persévérance, je trouve ma canne à pêche. Elle est derrière les cartons de robinets, de joints et de douchettes anales qui nous sont restés sur les bras suite à la faillite de la société de sanitaire. Son état vérifié, je la cache dans une anfractuosité du mur (c’est un modèle de prix), puis je déjeune avec Luv, en face de la gare, dans cette brasserie qui donne sur la scène de la drogue, la rue de la Servette et sa cour des miracles, heureux de voir que ma fille va bien, qu’elle travaille avec patience ses cours du collège, dans un monde bâti à sa mesure. Elle s’en va, Aplo me rejoint. Entre temps, il a vu son amie qui vit à Lausanne et lui a expliqué la situation. Nous roulons jusqu’à Carouge où je dois obtenir le duplicatum de la carte grise de ma Dacia récemment mise en vente. Avant d’emprunter l’autoroute, nous filons les yeux grands ouverts en direction de Saint-Julien à la recherche d’une boîte à lettres. La carte grise confiée aux bons soins de la poste, je tourne la voiture en direction du Bachet-de-Pesay, entrée de l’autoroute fermée. Je tourne le voiture. Nous voici enfin dans la bonne position. Alors le téléphone sonne. Mamère: “tu ne peux pas conduire dans ce état!” J’accélère. “Promets-moi, dès que tu auras passé la frontière, gare la voiture sur le côté et repose-toi!”
-Dès que j’aurai quitté la Suisse, ça ira mieux.