En début d’après-midi, nous sommes au village d’Abondance. Il y a dix-huit ans, j’y passais pour la première fois. Parti du squat de Genève à vélo, prétendant rejoindre en une fois, par Champéry, Monthey puis le col des Mosses, la ferme familiale — une folie. Il y a deux ans, Aplo s’établissait ici pour suivre deux ans d’étude en interne après avoir été interdit de poursuite d’études à Fribourg. La même année, j’y venais à pied, par le col, afin d’éviter un contrôle de douane et rentrais en Suisse de la même façon. Aujourd’hui, c’est plus tranquille. Je me gare, je fais quelques pas avec Gala au bras, nous buvons. Mais alors nous vient l’idée saugrenue de remonter le fil du souvenir et de se rendre dans la Vallée verte, au Lac du Vallon, où nous avions l’habitude petits d’emmener skier les enfants.
-Non, non, rassuré-je Gala, c’est à vingt minutes!
Or, non seulement c’est faux (en général) mais ce jour-là, à peine atteint le village de la Vacheresse (que je confondais avec la Chèvrerie), nous trouvons la route barrée. Réflexe normal: “Il y a une déviation? Bah! Affaire de quelques kilomètres!” Pas dans la France de 2018. Vingt kilomètres. Nous voici dans une autre vallée, forcés de redescendre jusqu’au lac Léman, à la hauteur de Thonon, au milieu des hangars plastique. Trois heures de route en lacets pour voir le Vallon.