Georges est dans le bateau, un hors-bord, assis sur la banquette arrière. Tantôt il tombe sur moi, tantôt sur Monfrère. Au-delà, c’est la rade de Genève. L’embarcation vire et vire.
-Descendons! Supplie Monfrère.
-Tu es fou! Tu as remarqué? Dis-je.
- Quoi?
-C’est Georges Soros! Il faut que je lui pose des questions. Son secret. Je le veux!
Mais je suis interrompu, nous débarquons. Désormais, la conversation a lieu à bord d’une voiture qui file. Se tournant avec nonchalance, Georges me toise — il marque un temps:
-Quel est le nom de votre père, jeune homme?
Je pense: si je lui dis, c’est foutu! Jamais je ne saurai ce qu’il avait en tête en finançant un tel nombre de causes équivoques.
La voiture ralentit. En fait, c’est moi qui ai ordonné la destination: un squat. Au pied des murs de l’immeuble, des punks, des drogués, des chevelus.
“Là, me dis-je, comment a‑t-il pu accepter qu’on le conduise au milieu de sur cette société interlope ? Ces gens vont le bousculer?“
Le chauffeur se gare, nous sortons de la voiture. En trio, nous marchons en direction du lac. Quelques marginaux nous rejoignent. A leur approche, je serre le poing. Une fille retient Soros:
-Alors c’est convenu? A 18h00 demain, pour la projection?
Il sourit d’un air entendu et nous poursuivons. Je songe: “mais c’est bien sûr, les victimes ici, c’est nous, moi, les autres, le peuple, ce petit monde est prostituée, il travaille en commun!