Un carton sous le bras, je vais au parc Milan. Sous la pluie, j’ai l’air ridicule dans mes shorts. De plus, il commence à faire nuit. Je me chauffe près des tables de ping-pong. Moulinets de bras, squats, pompes. Le sable est gris dans les bacs, les balançoires sont à l’arrêt. Un éboueur m’observe. Sur les quelques cinquante exercices que je dois présenter devant les experts pour le passage de grade, il en est un dont je suis incapable: la roulade de côté. Départ debout, tourner sur les épaules, la tête au sol et les jambes en l’air, se relever et poursuivre le combat. Comment réussit-on ce tour de force? Pas idée. Dimanche matin, je dois présenter cette figure avec les autres. J’installe mon carton dans l’herbe. Deux flics passent. Eux doivent savoir. Mieux vaut continuer de se chauffer. Rater sous leur yeux, c’est moche . Quand ils disparaissent, je roule. Une fois, deux fois. La troisième roulade est à peu près réussie. Mais il faut la faire des deux côtés. A droite, échec total. Je m’étale sur le carton. Les passants se demandent ce que je fais. Moi aussi.