Mois : octobre 2017

Rassuré

Je reviens de la gare où j’ai bu sous les arbres, dans le noir, avec une famille qui chan­tait autour d’une petit radio. Par la route du col, je retourne à Agrabuey en écoutant un con­cert de RPWL. La voiture garée, je m’empêtre: toutes sortes de feux, d’écrans, d’aver­tis­seurs, qui me dis­ent de faire je-ne-sais-quoi (pas encore eu le temps de vision­ner le film qui explique le fonc­tion­nement de l’en­gin). Bref, je suis là, dans la nuit ne par­tie basse du vil­lage, mon sac de com­mis­sions à la main, quand arrive la femme du maire. Elle revient de la piscine avec une de ses filles. La sœur est dans la voiture du père, qui suit. J’embrasse la dame, le père place sa jeep, saute à terre et me tend la main. Puis il empoigne son fusil et véri­fie le chargeur. Nous nous souhaitons bonne nuit et ren­trons dans nos maisons. Voilà qui est rassurant.

Vente

Il y a ici des mag­a­sins où pen­dant les heures de vente le pro­prié­taire attend debout, les mains sur le comp­toir. Vous entrez, il vous sert. Puis il salue, ferme la porte et reprend la même position.

Heure

En toute sit­u­a­tion, j’aime à savoir quelle heure. Gala s’en agace. Surtout que je n’en ai rien à faire. Juste­ment: parce que je n’en ai rien à faire. Ayant con­sulté l’heure, je ne boude pas mon plaisir.

Martines 4

M’ac­com­pa­g­nant au park­ing, le patron de l’hô­tel:
-Où allez-vous encore?

Distances

Bout à bout, les routes des Etats-Unis per­me­t­tent de faire cent-soix­ante fois le tour de la planète.

Fous

Embrassés après sept semaines sans se voir et quelques min­utes avant de se quit­ter, un jeune nous abor­de Gala et moi, face à la gare de Lau­sanne pour mendi­er une pièce.

Agrabuey

Bruit des feuilles que le vent pousse à tra­vers les rues désertes d’Agrabuey.

Trafic 2

La réac­tion est naturelle, donc de tou­jours. Quand se mul­ti­plient dans la société les signes de la rup­ture, la pra­tique con­siste à sac­ri­fi­er par­tie de ce qu’on est pour con­serv­er le tout; avant de recom­mencer. Atti­tude du croy­ant qui pos­tule l’e­spérance quand la réal­ité dément toutes ses attentes. Que s’en­suit-il? L’ef­face­ment pro­gres­sif de ce qui pour cha­cun donne sa valeur à la vie. Cepen­dant s’im­posent les élé­ments dévas­ta­teurs de la sit­u­a­tion nou­velle: un cap­i­tal­isme sans pro­priété, une économie sans tra­vail, une jus­tice sans rai­son, une indus­trie des drogues cul­turelles. Lesquels com­binés pro­duisent un vivant sans vie. D’ailleurs les plus cyniques avan­cent dès aujour­d’hui cet argu­ment: du moins ne mour­rons-nous plus.

Atavismes

S’il était per­mis de fan­tas­mer l’or­dre des atavismes, je me ver­rais juif allemand.

Trafic

Il est sin­guli­er que dans un cli­mat de défi­ance général envers les gou­verne­ments, les peu­ples de la vieille Union européenne enton­nent avec une pareille naïveté toutes les anti­ennes de la pro­pa­gande d’E­tat trafi­quant sans sour­ciller la langue ver­nac­u­laire pour y inscrire, con­tre le fait rationnel de la pen­sée, ce regard du bon sens sur le monde, le lex­ique com­plet du nihilisme.