Le soleil est enfin revenu sur Munich. Il est encore faible, du moins a t‑il cessé de pleuvoir. Nous allons pouvoir traverser le parc anglais à vélo, rouler dans la ville, visiter les brasseries, quitter notre quartier qui, dans la grisaille des derniers jours, avec le silence qui lui semble naturellement attaché, est aussi monotone qu’un cimetière: dans les allées, un gamin parfois élève une voix. Ses parents aussitôt le font taire avant d’engouffrer toute la famille dans une voiture.
Mois : août 2017
Sens
Que l’on puisse jamais trouver, au-delà du commentaire, un sens à tout cela est acquis — philosophes, sages et raisonnants à l’appui. Que l’on affirme dès lors que le sens est certain relève de l’aberration. Aberration qui rend le monde possible — politiciens, sectaires, idéologues à l’appui
Homme nu
Rencontré une fois encore l’homme nu. De loin, on pourrait croire qu’il bande. Mais la chose est trop grosse. A l’observation, il a passé sa verge dans une bouteille de Coca-Cola, De là, cette rigidité. Peut-être s’agit-il de faire bronzer. Quoiqu’il en soit, la question se pose: est-il nu?
Essai
L’essai achevé, remis à l’éditeur voici deux mois, celui-ci impose à raison la refonte complète du manuscrit. Il a raison. Les thèmes, amenés par des développements logiques et un chapitrage à la rigueur académique, produisent dans la version actuelle un texte qui décourage la lecture. “Vous nous montrez tout ce que vous savez… Dites la même chose autrement!” A quoi je rétorque en toute sincérité: “c’est que je ne sais pas si bien ces choses, d’où la dimension didactique de l’essai dans certaines parties: il fallait que je m’entende!” Suite à cette demande de refonte demeure un problème, et il est majeur. Non pas, par où commencer l’exposé, mais par où le continuer, dès lors qu l’essai a pour but la défense d’une série de thèses démonstration à l’appui et que, faire l’économie de la logique, c’est passer à l’opinion, dont au tout et au n’importe quoi.
Bilan
Lire l’article que vous consacre un journaliste est une drôle d’expérience. Surtout s’il prétend établir une portrait psychologique pour définir l’œuvre plutôt que l’inverse. Se dessine alors sous vos yeux une figure du double et force est d’admettre que c’est peut-être bien celle-ci dont vous êtes affublé lorsque, faisant irruption sur la scène du monde (le moins possible), vous échangez avec autrui le lot de gestes et de paroles qu’impose la bienséance, confirmant de la sorte l’existence d’un auteur dont le caractère fantasmatique tient à l’élaboration partagée entre des ayant-voix au chapitre.
Criminels
Dans le jargon des mondialisateurs encravatés, “migrant” désigne de pauvres hères qui, intégrés à la société occidentale au titre d’esclaves, alimentent les filières de production industrielle et sexuelle selon le principe du jeu de l’avion. La citoyenneté leur est d’emblée reconnue puisque le statut d’égalité n’a plus de sens là où l’argent est le critère unique de hiérarchisation. Que ces individus corvéables soient sans alphabet importe peu. Seule compte leur capacité énergétique conformément au modèle ancien du métèque d’empire. Ils sont jugés rentables par les mondialisateurs s’ils font remonter les avantages de leur débauche de force au sommet de la pyramide. Leur programme d’emploi est bref; après usure, ils seront remplacé par d’autres “migrants” identiquement prélevés sur le stock des pays périphériques. Ensemble ces individus ont pour tâche de garantir que les privilèges des mondialisateurs seront conservés intacts jusqu’au point de rupture du système.