L’espèce à muté. Ou alors, je veux bien que l’on m’explique. Je me couche. Un première piqûre gonfle sur ma jambe. Et deux autres. Depuis les volées d’Asie, je connais la recette: ne pas gratter. Mai je sais aussi le fonctionnement du parasite. Tandis que je dors, il récupère. Ne nous faisons pas d’illusion, il va revenir. J’allume, j’inspecte. Je ne trouve pas le moustique. J’éteins. A peine couché, je m’en veux. C’était la solution de facilité. Jamais cette solution: c’est la mort. Je rallume. Le moustique est juste là. A quatre pattes, il souffle appuyé contre le plafond. J’attrape ma culotte et le baffe. A‑t-il chu ? Je scrute les dalles de marbres. Grises et mouchetées, elles sont faites pour leurrer les vaillants chasseurs de moustiques. Admettons — je me recouche. Trois nouvelles piqûres me réveillent. La douleur est localisée mais vive. Il faut compter dix minutes avant que l’onde ne reflue. Fâché, je me relève. Je démonte les lits gigognes. Il est quatre heures. Je renverse la matelas double et j’extrais le simple. Il y a six pieds vissés au sommier, je les dévisse et les range en sur une ligne après les avoir roulés dans la main. Enfin, j’ausculte l’écran moustiquaire posé contre la fenêtre. Son bord est légèrement soulevé. J’imagine le moustique. Un spécimen entraîné. Qui en veut. Il est contorsionniste, il se sera faufilé. Ou alors… Oui! La bouche d’air conditionné. Que ces moustiques aient du flair et de l’appétit, je n’en doute pas, mais ont-ils assez de nez pour se véhiculer à travers trois mètres de conduit ? Une fois de plus j’éteins. Tout de même, j’en ai écrasé deux et j’ai agité ma culotte à travers toute la pièce pour fabriquer de l’air, aucun nouvel élément n’a surgi. Eh bien, le croira-t-on? Trois fois encore je suis piqué. Je fais compte: douze prises de sang. Cette fois, je monte à l’étage, je déballe la moustiquaire achetée en juin, celle que je n’ai pas installée faute d’avoir une perceuse (le plafond est dur), je coupe une section de fil dans la bobine de métal et j’accroche au-dessus de mon lit. Me voici protégé, mais comme le matelas est sans son support, pas centré et l’installation peu experte, le tout dépose sur mon visage comme une toile d’araignée et m’emballe au moindre mouvement.