Mois : août 2017

Circulation

A nou­veau dans l’avion. Comme dit avec humour Tol­do: “tu es pire que les gens du voyage!”

Compréhension

Quelque chose nous échappe. A preuve, nous cher­chons à savoir ce que com­pren­nent ceux-là qui sociale­ment ont réus­si. Alors, que ce sont eux qui occul­tent le monde.

Bus

Le bus tra­ver­sait l’av­enue en début de soirée, par­fois plus tard. Le matin, quand il reparais­sait, c’é­tait à vide. Les habi­tants du quarti­er cher­chaient à iden­ti­fi­er les pas­sagers qu’il embar­quait et trans­portait. Nul doute qu’ils ne vinssent du quarti­er puisque le bus par­tait du milieu de l’av­enue et y reve­nait. Pour­tant, le maire assur­ait qu’il ne man­quait per­son­ne sur la liste des habitants.

Hauteurs béantes

Dans le cours des rêves, le sen­ti­ment de chute est fréquent: Le plus sou­vent on se réveille ou alors on évite la chute. Du moins n’y a‑t-il pas volon­té de chuter. Deux fois dans la même nuit, à bref inter­valle, je me trou­vais au som­met, une fois d’un gouf­fre, l’autre fois d’un mur. Je me jetais.

…les vertiges

Fin du séjour à Munich, nous allons boire dans le jardin de l’Au­gustin­erkeller. J’ar­rive le pre­mier accom­pa­g­né d’Ap­lo et Luv, nous sommes à vélo. Fréquen­ta­tion moyenne ce soir, dis­ons dans les mille per­son­nes. Je ne repère pas aus­sitôt le table du stamm pour lequel nous avons le statut d’in­vités, nous choi­sis­sons de nous installer dans l’om­bre d’une arbre.  Comme moi, Luv reçoit son litre. Appa­raît Gala, venue en métro et à pied. A peine assise, elle se relève, fait de grands saluts — je cherche à qui? A dis­tance, j’aperçois une tablée de jeunes qui répon­dent. Que je sache, on ne les con­naît pas. Gala  se dirige vers eux, au dernier moment bifurque, s’assied avec un vieux mon­sieur à mous­tache qui est seul. C’est Har­ald. A mon tour je vais pour lui ten­dre la main. La réu­nion heb­do­madaire du stamm a lieu le ven­dre­di, nous sommes jeu­di. Nor­mal qu’il soit seul. Quand Gala revient enfin, elle me donne les nou­velles des amis et dit ceci:
-Le pau­vre est dés­espéré,  sa femme a des ver­tiges, c’est à peine si elle tient debout. Elle a vu vingt-et-un médecins, aucun n’a trouvé…

Moustiques

L’e­spèce à muté. Ou alors, je veux bien que l’on m’ex­plique. Je me couche. Un pre­mière piqûre gon­fle sur ma jambe. Et deux autres. Depuis les volées d’Asie, je con­nais la recette: ne pas grat­ter. Mai je sais aus­si le fonc­tion­nement du par­a­site. Tan­dis que je dors, il récupère. Ne nous faisons pas d’il­lu­sion, il va revenir. J’al­lume, j’in­specte. Je ne trou­ve pas le mous­tique. J’éteins. A peine couché, je m’en veux. C’é­tait la solu­tion de facil­ité. Jamais cette solu­tion: c’est la mort. Je ral­lume. Le mous­tique est juste là. A qua­tre pattes, il souf­fle appuyé con­tre le pla­fond. J’at­trape ma culotte et le baffe. A‑t-il chu ? Je scrute les dalles de mar­bres. Gris­es et mouchetées, elles sont faites pour leur­rer les vail­lants chas­seurs de mous­tiques. Admet­tons — je me recouche. Trois nou­velles piqûres me réveil­lent. La douleur est local­isée mais vive. Il faut compter dix min­utes avant que l’onde ne reflue. Fâché, je me relève. Je démonte les lits gigognes. Il est qua­tre heures. Je ren­verse la mate­las dou­ble et j’ex­trais le sim­ple. Il y a six pieds vis­sés au som­mi­er, je les dévisse et les range en sur une ligne après les avoir roulés dans la main. Enfin, j’aus­culte l’écran mous­ti­quaire posé con­tre la fenêtre. Son bord est légère­ment soulevé. J’imag­ine le mous­tique. Un spéci­men entraîné. Qui en veut. Il est con­tor­sion­niste, il se sera fau­filé. Ou alors… Oui! La bouche d’air con­di­tion­né. Que ces mous­tiques aient du flair et de l’ap­pétit, je n’en doute pas, mais ont-ils assez de nez pour se véhiculer à tra­vers trois mètres de con­duit ? Une fois de plus j’éteins. Tout de même, j’en ai écrasé deux et j’ai agité ma culotte à tra­vers toute la pièce pour fab­ri­quer de l’air, aucun nou­v­el élé­ment n’a sur­gi. Eh bien, le croira-t-on? Trois fois encore je suis piqué. Je fais compte: douze pris­es de sang. Cette fois, je monte à l’é­tage, je déballe la mous­ti­quaire achetée en juin, celle que je n’ai pas instal­lée faute d’avoir une perceuse (le pla­fond est dur), je coupe une sec­tion de fil dans la bobine de métal et j’ac­croche au-dessus de mon lit. Me voici pro­tégé, mais comme le mate­las est sans son sup­port, pas cen­tré et l’in­stal­la­tion peu experte, le tout dépose sur mon vis­age comme une toile d’araignée et m’emballe au moin­dre mouvement.

Six jours

Nuit et jour, à faible dis­tance de mon immeu­ble, au cen­tre du vil­lage, dis­crète­ment ulule une sirène à récur­rence élec­tron­ique. Dans le brouha­ha de l’après-midi elle est peu audi­ble, mais à l’heure de la sieste et du som­meil, elle crée un agaçant fonds sonore. Je n’ig­no­rais pas que les Espag­nols, sans être sourds, n’en­ten­dent pas. Tout de même, sachant que je suis à quelque cent mètres, com­ment font les voisins qui ont le nez sur la trompe?

Lutte

Qui veut se lut­ter con­tre l’ex­pan­sion du sché­ma total­i­taire doit d’abord penser en ter­mes d’e­space. Aucun pays n’of­fre à cet égard moins de recours que la Suisse.

Amérique 3

Ceci de juste, que l’Eu­rope a per­du par déni d’in­stinct, c’est-à-dire excès de cul­ture, après l’épou­vantable pre­mière guerre, une approche de la société fondée sur l’en­vie d’être soi dans les lim­ites que dit la nature. D’où cet améri­can­isme d’im­por­ta­tion, plus dia­bolique que l’original,

Voie réduite

L’emploi courant de nos capac­ités d’homme nous oblige à exprimer le fond pro­pre au moyen de cir­con­lo­cu­tions qui con­duisent les meilleurs à la jésu­is­tique, au dégoût soi les autres