Voix

Silence éton­nant de ce faubourg. Ce sont les vacances. D’ailleurs, les stores bais­sés témoignent de l’ab­sence d’une par­tie des locataires, mais tout de même, pas un écho de voix, à peine quelques moteurs loin­tains: de grosse cylin­drées glis­sent à seize kilo­mètres heures à tra­vers l’ur­ban­i­sa­tion (à cette vitesse, le feu affiche un “smile”). Des sap­ins géants immo­biles dans l’air chaud, un coq qui chante, une éoli­enne qui brasse au-dessus de l’hori­zon. Avec la nuit, le sen­ti­ment d’isole­ment spa­tial s’ac­croît. Je dors douze heures. Au milieu de cette longue tra­ver­sée, vers trois heures du matin, une voix me tire de mon som­meil. Je me dresse dans le lit. J’es­saie de savoir d’où cela peut venir. Impos­si­ble à dire. Pas de l’ap­parte­ment, certes. Ni de l’ex­térieur: la dou­ble-fenêtre ne laisse pas pass­er le moin­dre son et pour ce qui est de l’iso­la­tion ver­ti­cal et hor­i­zon­tale, elle est par­faite. Or, une voix de fille a chu­choté: I AM AWAY.