Luminaires


Der­rière le comp­toir de l’électricien, un ado­les­cent hand­i­capé. Il com­pare des tubes néon pour un client en bleu de tra­vail. J’en prof­ite pour fouiller les étagères. Je trou­ve un spot indi­vidu­el, lis son prix, le repose. Vient mon tour.
-Il me faudrait le rack de spots triple que tu as en vit­rine et trois sup­ports indi­vidu­els dans le même style. 
L’adolescent s’approche de l’étagère, soulève un carton.
-Oui, de ce type.
Il soulève d’autres car­tons. Ils con­ti­en­nent des spots dif­férents. Un à un, il les ouvre. A la fin, il conclut :
-Je n’en ai qu’un.
-Et dans le stock ?
Il appelle au téléphone.
-Allô, maman…
Il répète : « il n’y en a qu’un. ».
En sor­tant, je jette un œil à la vit­rine. Der­rière le triple rack, j’aperçois deux boîtes indi­vidu­elles. Avec celle de l’étagère, le compte y est. Je ren­tre dans la boutique.
-Tu as ce que je veux. Voilà com­ment tu vas faire…
J’explique. L’adolescent cherche la clef de la vit­rine. Il attrape le téléphone.
-Attends ! Je vais aller acheter des avo­cats et des oranges pen­dant que tu appelles ta maman. Je reviens dans un quart d’heure.
De retour dans la bou­tique, je trou­ve mon matériel aligné sur le comp­toir. L’adolescent cherche les ampoules. Il en essaie une, mau­vais pas de vis, une autre, faible puissance.
-Regarde s’il y a du 6 watt !
-C’est que…
-Oui ?
-Elles sont plus chères.
Lorsque les ampoules sont sur le comp­toir, il com­mence à addi­tion­ner les prix.
-80,50 Euros, lui dis-je.
Il me dévisage.
-Je suis mau­vais en math­é­ma­tique, mais je sais compter.
-Le prob­lème, c’est que je n’ai pas les clefs de la caisse.
-Et ta maman, elle revient quand ?
-Dans une demi-heure.
-Bon, je vais aller dépos­er mes oranges et je reviendrais à 13h30.
Lorsque je reviens à la bou­tique pour la troisième fois, pas de maman, la caisse fonc­tionne, mais il manque les vis. L’adolescent fixe l’étagère.
-Tu ne peux pas voir les vis, elles sont dans les car­tons. Ceux que ta maman a util­isé pour présen­ter les luminaires. 
Alors, il se met en devoir de trou­ver ces cartons.
Et à l’heure du repas, quand je dépose enfin mes lumi­naires dans le salon, le télé­phone sonne, c’est l’installateur : il ne pour­ra pas venir.