Je devrais être en classe, parmi les autres élèves, à plancher sur le sujet de baccalauréat, “le Manifeste du parti communiste”. Or, j’attends que cette femme en uniforme rouge de la Centrale de torréfaction bolivienne veuille bien me servir un café. Elle le servira si l’on cesse de me voler mon tour. Des consommateurs me bousculent. Si ça continue, je vais échouer à l’examen. “Le manifeste du parti communiste est un manifeste…”, écrirai-je dès que je serai à mon pupitre, ou plutôt, “Le contenu du manifeste du parti communiste…” La dame va et vient, je ne suis pas servi. Dix minutes, c’est ce qu’il reste. Il faudra simplifier. D’ailleurs, je n’ai jamais lu le Manifeste. Soudain, je trouve la parade: je parlerai d’idéologie, je montrerai en quoi ce texte n’est qu’idéologie. J’ai confiance dans mes moyens, ils sont généraux. Et peu importe Lénine, aucun examinateur n’y trouvera à redire. Alors, je croise les bras, j’attends mon café (ce même jour à quatorze heures, Aplo passe son épreuve de littérature de terminale à Evian).