Bon sens

Si le bon sens est une notion anhis­torique fondée sur la nature de l’homme dont la déf­i­ni­tion typ­ique pour­rait être: “capac­ité de l’homme à agir en fonc­tion de son intérêt et de celui de l’hu­man­ité”, alors force est d’ad­met­tre que nous sommes fous. Quand je dis “nous”, je par­le de la civil­i­sa­tion occi­den­tale, blanche, chré­ti­enne, mod­erne, post-mod­erne — moment où le bât blesse. La trans­val­u­a­tion des valeurs réclamée par Niet­zsche au nom de la force spir­ituelle a trou­vé son dou­ble gri­maçant: l’in­ver­sion sui­cidaire de toutes les valeurs de vie. Mais alors, pourquoi raison­ner encore en fonc­tion de l’om­bre que pro­jette notre jus­tice d’époque, ce parangon du faux? Celle des mag­is­trats, cor­po­ra­tion tech­ni­ci­enne; celle des hérauts de la moral­ité poli­tique ou religieuse, cor­po­ra­tions tech­ni­ci­ennes; celles des don­neurs de leçon médi­a­tiques, grands esclaves; celles des puis­sances d’ar­gent, cor­po­ra­tions tech­ni­ci­ennes?  Il faut, sauf à s’ex­pos­er à per­dre toute notion de bon sens, ébrouer cette ombre pois­seuse qui asphyx­ie et se pren­dre en main.