Mois : février 2017

Fitness

Com­bi­en faut-il de temps pour ramen­er à son point de départ en la pous­sant une voiture propul­sée avec un litre d’essence? En moyenne, un mois.

Camaraderie

Entraîne­ment armé sur des par­cours dans la cave d’une armurerie en zone indus­trielle: même dans ce milieu de gardes du corps et de policiers, on rit et plaisante. Entre deux tirs et quelques con­sid­éra­tions de bal­is­tique, on dis­cute cuis­son du riz, sar­dines et tor­tilla. Une spon­tanéité qui détend et facilite le tra­vail. En revanche, la bière ne fig­ure pas au pro­gramme. Mes com­pagnons qui boivent du café con­sid­èrent mon breuvage comme une drogue. 

Eau

Ces jours de pluie, les habi­tants pau­vres du port ont dis­posé devant les maisons d’un étage des baque­ts pour récupér­er l’eau.

Politique

-J’ai à dire quelque chose d’im­por­tant. Braquez les pro­jecteurs!
-On vous entend!
-D’abord les projecteurs!

NIF 5

Pour en finir avec cette affaire de doc­u­men­ta­tion req­uise pour toute inter­ven­tion d’un étranger sur le marché espag­nol des affaires, me voici après mes échecs répétés auprès de l’ad­min­is­tra­tion locale cher­chant des solu­tions alter­na­tives, non pas qu’il existe un État à côté de l’É­tat mais parce qu’il existe peut-être, séparé­ment de cet affreux poste de police de l’ouest de Mala­ga où se bous­cu­lent quo­ti­di­en­nement les exilés des cinq con­ti­nents, un bureau sec­ondaire comme il existe des rési­dences sec­ondaires, lieux plus calmes où l’on trou­ve repos, récon­fort et ser­vices. Afin de pos­er la ques­tion, je télé­phone au con­sul de Suisse en Andalousie; il ne répond pas. Je lui écris un mail; pas de retour. Alors j’in­verse, j’ob­tiens le con­tact du con­sul d’Es­pagne à Genève. Même résul­tat. A l’o­ral comme à l’écrit. Et le con­sul d’Es­pagne à Zurich? Mir­a­cle! Je l’ai au bout du fil. Il me ren­voie à son col­lègue de Genève. Je ne peux l’at­tein­dre, lui dis-je. Il va s’en charg­er pour moi: il fera un mes­sage en interne afin que ce dernier me rap­pelle. A ce moment-là, je con­sid­ère que l’af­faire est per­due. J’ap­pelle donc les gens de Saragosse, des Navar­rais, et sans ménage­ment leur dit “ça ne va pas, c’est impos­si­ble, je n’y arrive pas, je n’en peux plus”. De Suisse, je reçois soudain un mail . “Mon­sieur, pour toute demande de doc­u­ment, il vous suf­fit de vous présen­ter à notre guichet pen­dant les heures ouvrables”. Bonne nou­velle ou fausse bonne nou­velle? Quoiqu’il en soit, au bas du mes­sage fig­ure une numéro que je n’ai pas encore fait reten­tir. Je com­pose, une dame décroche. J’ex­plique, elle écoute. “Un NIF? Sans prob­lème. Où êtes-vous?”
-En Espagne, mais je serai en Suisse dans quelques jours.
-Passez!
-For­mi­da­ble.
-Où habitez-vous?
-A Fri­bourg.
-Ah! Dans ce cas, il faut con­tac­ter le con­sulat d’Es­pagne à Berne.
J’ap­pelle, on me répond la même chose “Passez!”. Seule­ment:
-Pour ce qui est de faire un NIF, cela se fait néces­saire­ment en Espagne. Nous pour­rions vous faire une NIE qui vous per­me­t­tra de réclamer un NIF.
Je rap­pelle les Navar­rais de Saragosse, lesquels s’écri­ent: “Tu avances!“
Et dix jours plus tard, je pars pour Berne par le train de 6h50 pour un horaire d’ou­ver­ture du con­sulat de 8h00 à 13h45, autant cal­culer large dès fois que les fonc­tion­naires doivent aller acheter du papi­er, des sty­los, un ordi­na­teur… mais non, der­rière le guichet, une jeune fille bien maquil­lée me fait rem­plir un doc­u­ment d’une page et encaisse Fr. 17.-.
-Voilà.
-C’est tout?
-Il vous faut quelque chose d’autre?
-Non.
-Nous vous enver­rons le NIE par mail.
-Bien.
-Vous n’avez pas l’air de le croire.
-Si, si..
-Pourquoi vous faut-il un NIF?
-Pour acheter une ferme.
-C’est inutile.
-Com­ment ça?
-Pas besoin de NIF.

 

Méthode

“Méthodolo­gie”, me dit la pro­fesseur de français d’Ap­lo. Et Olo­foso répète: “c’est une ques­tion de méthodolo­gie”. Que je sache, la méthodolo­gie est un dis­cours que l’on tient sur les méth­odes, leur portée, leur effi­cace. Et nous par­lons d’un gamin de dix-sept ans qui n’a pas lu ses pre­mières pages de lit­téra­ture, bref, n’a pas appris à lire.
- Aplo, la méth­ode, qu’est ce que ça veut dire? Tu plantes un clou. Tu tiens le clou à l’en­vers, tu biais­es, tu tiens le marteau à l’en­vers, ça ne marche pas. La méth­ode con­siste à tenir fer­me­ment le marteau par le manche puis à taper sur la tête de clou.

Rapports de pillage

Sociétés pré-libérales: sans lib­erté, sans impôts.
Sociétés libérales: sans grande lib­erté, sans grand impôt- en pro­grès
Société post-libérales: sans lib­erté avec impôts.

Jeu

Si l’on ne peut plus par­ler, plus se reli­er par la parole, plus maîtris­er une langue et ain­si s’en­tredéfinir, alors nous sommes les pièces d’une machine et le jeu n’est pas entre les pièces, le jeu, c’est le con­cep­teur, et par après, le spé­cial­iste de la machine.

Anarchie

L’État ne peut rien. L’État est une col­lec­tion d’in­di­vidus en soi insuff­isants qui dans la supra-addi­tiv­ité for­ment l’État, c’est à dire l’in­suff­i­sance. Le principe anar­chiste est destruc­tif parce qu’il est incon­cev­able de con­stru­ire sur une notion pleine et pos­i­tive un homme vivant sans se débar­rass­er de l’État, ce qui implique de met­tre hors cir­cuit ses servi­teurs, par­tie haute, moyenne et basse de la hiérarchie.

Oiseaux

Les oiseaux me man­quent, le chant, le vol, la vision des oiseaux. Les ani­maux ter­restres font par­tie de l’ac­cord. Ils occu­pent le ter­ri­toire, ils se mul­ti­plient. En rem­plis­sant l’e­space de leur corps, ils le vident. La terre les sup­porte. Le poids du monde aug­mente. Ce n’est que dans le ciel que l’im­men­sité est en har­monie avec le vivant. Mais désor­mais les oiseaux s’éloignent de la terre. Leurs chants man­quent. Ces bêtes de lab­o­ra­toire qui arpen­tent nos sur­faces, ces bêtes abâ­tardies nous sont des miroirs. Les oiseaux, parce qu’ils ne sont pas domes­tiqués, ne font pas la gri­mace. Ils ne regar­dent qu’à eux-mêmes. Si les hommes s’ap­prochent du ciel, plantent dans le ciel des arti­fices, ils s’en­fuient. Ils quit­tent la terre et s’en­v­o­lent, et se rejoignent. J’aimerais les entendre.