NIF 5

Pour en finir avec cette affaire de doc­u­men­ta­tion req­uise pour toute inter­ven­tion d’un étranger sur le marché espag­nol des affaires, me voici après mes échecs répétés auprès de l’ad­min­is­tra­tion locale cher­chant des solu­tions alter­na­tives, non pas qu’il existe un État à côté de l’É­tat mais parce qu’il existe peut-être, séparé­ment de cet affreux poste de police de l’ouest de Mala­ga où se bous­cu­lent quo­ti­di­en­nement les exilés des cinq con­ti­nents, un bureau sec­ondaire comme il existe des rési­dences sec­ondaires, lieux plus calmes où l’on trou­ve repos, récon­fort et ser­vices. Afin de pos­er la ques­tion, je télé­phone au con­sul de Suisse en Andalousie; il ne répond pas. Je lui écris un mail; pas de retour. Alors j’in­verse, j’ob­tiens le con­tact du con­sul d’Es­pagne à Genève. Même résul­tat. A l’o­ral comme à l’écrit. Et le con­sul d’Es­pagne à Zurich? Mir­a­cle! Je l’ai au bout du fil. Il me ren­voie à son col­lègue de Genève. Je ne peux l’at­tein­dre, lui dis-je. Il va s’en charg­er pour moi: il fera un mes­sage en interne afin que ce dernier me rap­pelle. A ce moment-là, je con­sid­ère que l’af­faire est per­due. J’ap­pelle donc les gens de Saragosse, des Navar­rais, et sans ménage­ment leur dit “ça ne va pas, c’est impos­si­ble, je n’y arrive pas, je n’en peux plus”. De Suisse, je reçois soudain un mail . “Mon­sieur, pour toute demande de doc­u­ment, il vous suf­fit de vous présen­ter à notre guichet pen­dant les heures ouvrables”. Bonne nou­velle ou fausse bonne nou­velle? Quoiqu’il en soit, au bas du mes­sage fig­ure une numéro que je n’ai pas encore fait reten­tir. Je com­pose, une dame décroche. J’ex­plique, elle écoute. “Un NIF? Sans prob­lème. Où êtes-vous?”
-En Espagne, mais je serai en Suisse dans quelques jours.
-Passez!
-For­mi­da­ble.
-Où habitez-vous?
-A Fri­bourg.
-Ah! Dans ce cas, il faut con­tac­ter le con­sulat d’Es­pagne à Berne.
J’ap­pelle, on me répond la même chose “Passez!”. Seule­ment:
-Pour ce qui est de faire un NIF, cela se fait néces­saire­ment en Espagne. Nous pour­rions vous faire une NIE qui vous per­me­t­tra de réclamer un NIF.
Je rap­pelle les Navar­rais de Saragosse, lesquels s’écri­ent: “Tu avances!“
Et dix jours plus tard, je pars pour Berne par le train de 6h50 pour un horaire d’ou­ver­ture du con­sulat de 8h00 à 13h45, autant cal­culer large dès fois que les fonc­tion­naires doivent aller acheter du papi­er, des sty­los, un ordi­na­teur… mais non, der­rière le guichet, une jeune fille bien maquil­lée me fait rem­plir un doc­u­ment d’une page et encaisse Fr. 17.-.
-Voilà.
-C’est tout?
-Il vous faut quelque chose d’autre?
-Non.
-Nous vous enver­rons le NIE par mail.
-Bien.
-Vous n’avez pas l’air de le croire.
-Si, si..
-Pourquoi vous faut-il un NIF?
-Pour acheter une ferme.
-C’est inutile.
-Com­ment ça?
-Pas besoin de NIF.