Goutte d’or

Des enfants sur le palier. La porte est de planche. Je ne sais pas qui ils sont, je les entends, la cage d’escalier résonne. Pas ado­les­cents, jeunes. Ils ne par­lent ni ne cri­ent, ils n’ex­pri­ment ni joie ni colère, ils aboient. Ce que je lis dés­espérés dans les mails d’Ap­lo et Luv, phras­es sans points ni majus­cules, mots con­trac­tés, propo­si­tions dis­tribuées au hasard trou­ve ici un équiv­a­lent oral: ils lan­cent une invec­tive entre deux injures, mesurent la réac­tion de l’autre, recom­men­cent. On croirait qu’il s’ag­it de tétanis­er l’ad­ver­saire. Ce sont des enfants. Ils répè­tent un mod­èle adulte.