Médecin 2

Si je par­lais de médecin, c’est que j’ai mal. A Gala je dis, “j’ai mal!” D’ailleurs, cela dure depuis un an. Non, qua­torze mois; depuis le jour où je me suis présen­té devant une Viet­nami­enne qui s’oc­cu­pait de la per­ma­nence fri­bour­geoise, un dimanche. Bref, je me couche sur le mal, je l’ig­nore, j’e­spère avoir assez de temps pour finir le livre en cours: pren­dre l’avion pour ren­tr­er en Suisse com­pli­querait tout. Or, le lende­main matin, le portable sonne. Huit heures et demie. Il ne viendrait à l’idée d’au­cun des 40 mil­lions d’Es­pag­nol d’ap­pel­er ain­si au milieu de la nuit. Je me ren­dors. Un quart d’heure plus tard, nou­velles son­ner­ies. J’ac­cours, je véri­fie le numéro: incon­nu. Retour à la cham­bre où je som­nole. Une fois le petite-déje­uner avalé, je rap­pelle. “Il faut faire une colo­scopie d’ur­gence, me dit une secré­taire. A quelle heure pou­vez-vous venir?” Mon grand-père à eu un can­cer du colon. Mon père a eu un can­cer du colon. Mon grand-père est mort. Pas mon père.