En route pour la Navarre

Dans les con­tre­forts pyrénéens, der­rière deux mon­tagnes de sap­ins, Agrabue. Don Gabriel Gon­za­lez de Aragon Ramirez de Espara fait la vis­ite. La mai­son de pierre est au cœur du vil­lage, la porte basse, le soleil frais. Nous entrons. Une pre­mière pièce amé­nagée dans la grange à foin est tra­ver­sée de lour­des solives. Un poêle de tôle rumine.
-Je suis désolé pour les pho­tos, me dit le pro­prié­taire.
-Elle sont excel­lentes.
-Oui.
Je tâte les meubles de planch­es.
-Vous savez, je n’ai pas besoin d’une cui­sine d’ex­po­si­tion.
Nous cir­cu­lons dans les étages. Il y en a deux. En par­tie basse, les cham­bre. Des lits de fer, des madones dans leurs cadres, une chaudière de cuiv­re. L’escalier est bon. Bois et car­relage. Le jardin étroit a son herbe et un arbre. Sur les toits alen­tour, les chem­inées ron­des typ­iques de la région. L’une d’elle sur­mon­tée d’une croix, l’autre d’un crâne. Appuyé à la bar­rière qui mar­que la lim­ite du jardin, je regarde l’église. Sa tour car­rée domine le vil­lage. Puis nous mar­chons dans des rues pavées et rebondies. Les maisons de pierre gris­es sont petites, fortes, belles. De la fumée s’échappe dans le ciel. Com­bi­en d’habi­tants. Vingt-huit. Je cherche la riv­ière. Elle coule juste là, à quelques pas de la place prin­ci­pale. Lit large, maquil­lé de galets. Une femme bêche un potager. De gross­es mottes de terre noire. Des cloches réson­nent. Je lève les yeux. Le trou­peau est éparpil­lé dans la hau­teur. Il broute des sen­tiers accrochés à la mon­tagne. La mai­son a un nom, Casa Nieves.