Chaises 5

De retour de Cadix, arrêt chez le géant sué­dois. Après avoir marché un kilo­mètre entre des intérieurs en morceaux, nous achetons des morceaux de meu­ble. Face à l’é­tagère de vingt mètres, cher­chant nos chais­es, je dis à Gala:
- Je crois que ça ne va pas être pos­si­ble. Elles sont en deux par­ties.
Des caiss­es, je regarde en direc­tion de la cafétéria. Dix machines gris plombs alignées sur un plan de métal. Les familles tra­vail­lent à pro­duire des jus d’o­r­ange, des cafés ou des hot-dog.
De retour dans l’ap­parte­ment, je vois que le pro­prié­taire n’a pas enlevé les vieilles chais­es. Aus­sitôt déposée la valise, j’empoigne ces débris et les bal­ance dans le couloir. Une voi­sine sonne: “vous com­prenez, j’at­tends des amis, ça ne fait pas pro­pre”. Elle a rai­son. Je grif­fonne le numéro du pro­prié­taire. Ramon appelle. Je lui rac­croche au nez. Il y a six mois, j’ai demandé à ce qu’il me débar­rasse de ces chais­es. A ce rythme, com­bi­en de chose peut-on faire dans une vie? Au fond, je devrais être ras­suré: l’Es­pagne ne sor­ti­ra pas de la crise, qui est le meilleur des états pour qui aime le monde plutôt que la société.