Promotion d’un livre

Au début de l’an­née a paru dans un jour­nal catholique un arti­cle sur Forde­troit signé de mon ami Claude Marthaler. Peu après, je reçois un mail en anglais. Un dame qui a lu cet arti­cle me pro­pose de don­ner une con­férence pour un cer­cle d’Améri­cains. La ren­con­tre aurait lieu à Morges. Elle pré­cise qu’elle n’a pas lu Forde­troit. Je lui sug­gère, en français, de com­mencer par lire mon livre. Par retour de cour­ri­er — en français désor­mais — la dame souligne les thèmes qu’elle aimerait voir abor­dés. Avec toute la cour­toisie dont je suis encore capa­ble à ce stade, je lui explique que c’est à moi d’en décider. Un mois s’é­coule. Nous trou­vons un date pour novem­bre, soit neuf mois plus tard. Je ne sais tou­jours pas si la dame a lu le livre. La semaine suiv­ante, nou­veau cour­ri­er. La dame me pro­pose un titre de con­férence qui con­viendrait à une annonce pub­lic­i­taire pour la vente de savons. Je lui explique que j’écris de la lit­téra­ture, que je ne suis pas dans le com­merce. Espérant couper court à ce rap­port bien mal engagé, j’a­joute que j’éprou­ve peu de sym­pa­thie pour les Améri­cains (ce qui est faux) et que je suis un pour­fend­eur du poli­tique­ment cor­rect (ce qui est vrai). La dame envoie un con­trat. Nous sommes début avril. Six mois s’é­coulent. Sans nou­velles, je prends des bil­lets d’avion et, gageant que la con­férence aura lieu en soirée, je réserve un hôtel à Morges. Con­stance paraît. L’édi­teur sug­gère de prof­iter de la con­férence pour faire la pro­mo­tion de ce nou­veau livre. Je lui réponds que j’ai anticipé: en effet, quelques jours aupar­a­vant, j’ai écrit à la dame pour m’as­sur­er que mes livres seraient à dis­po­si­tion le jour de la con­férence. Pas de réponse. Je trans­mets à mon édi­teur l’adresse mail de la dame. Il écrit. Elle ne répond pas. Nous sommes à qua­tre jours de la ren­con­tre et je ne sais ni où elle a lieu ni à quelle heure. Je veux annuler l’hô­tel, ce n’est pas pos­si­ble. A défaut, dis-je à Gala, allons manger. Je réserve une table dans un restau­rant étoilé. Arrive un mail de la dame. Il dit en sub­stance: désolée, j’ai aidé ma fille a démé­nagé et j’ai eu une prob­lème de mail. Quoi d’autre? Rien. Je m’ex­cuse auprès de l’édi­teur, expli­quant que cette dame se fout de ma gueule et mets l’in­téréssée en copie. Répond-elle? Deux jours s’é­coulent. Alors, un incon­nu prend le relais. Un pro­fesseur de fac­ulté. Dans un français flou, il m’ex­plique que je ne peux renon­cer car j’ai signé un con­trat. Recherche faite, je con­state que j’ai ren­voyé, l’hiv­er précé­dent, un con­trat annexé à un mail. Bien. Et mes ques­tions? Ce mon­sieur y répond-il? Pas plus que la dame. Nous sommes heureux de vous accueil­lir au Gre­nier bernoios, me dit-il, sans pré­cis­er l’heure, le nom­bre de par­tic­i­pants, sans don­ner l’adresse ni évo­quer le déroule­ment de la soirée. Sauf que — je suis cen­sé le savoir, c’est écrit dans le con­trat — la con­férence doit être don­née à 14h30. Et, c’est pour cela que — écrit le comité — nous vous “con­vo­quons” à 14h00.