Monotonie

Jours monot­o­nes entre deux saisons. C’est le régime le plus favor­able à la pen­sée. Encore faut-il que cette monot­o­nie ait quelque chose de mécanique; alors l’e­sprit libéré du corps ne ren­con­tre plus d’ob­sta­cles devant ses pra­tiques. Il emploie le temps disponible à éten­dre son domaine. Portée à son comble, la monot­o­nie dis­sout les repères pesants du quo­ti­di­en. Que les moines pris dans les tur­bu­lences de la guerre que se livrent les hommes aient con­tin­ué de prier lorsque les glaives s’a­bat­taient ne sur­prend pas. Ces batailles tem­porelles venaient d’un autre monde. Cepen­dant, la plu­part des hommes ont de la monot­o­nie une pra­tique triste qui s’ap­pelle la rou­tine. Répéti­tion de séquences dont la régu­lar­ité effraie et l’ir­régu­lar­ité fatigue; sans cesse il faut être en éveil devant des événe­ments qui offrent peu de récompense.