Bonheur obligatoire

Regardé hier ce film admirable, La loi du marché de Stéphane Brizé, une fic­tion qui racon­te le périple admin­is­tratif et social — qui le plus sou­vent ne font qu’un — d’un ouvri­er de quar­ante ans à la recherche d’un emploi. Présen­té ain­si, dif­fi­cile d’imag­in­er scé­nario plus rébar­batif. Pour­tant, ce long-métrage est exem­plaire. Sa pre­mière ver­tu est de met­tre en scène le réel au plus proche de la réal­ité. Les rap­ports aux fonc­tion­naires, aux ban­quiers, aux assis­tants soci­aux, aux employeurs, est mon­tré avec tant de pré­ci­sion, que l’on se retrou­ve dans la pièce avec les répon­dants du sys­tème, à la place du chômeur, l’estom­ac dans les talons. Puis il y a le lan­gage spé­ciale de ces tech­ni­ciens du cap­i­tal­isme, appris pour faire avaler la dragée. De quoi révolter. Enfin, le jeu d’ac­teur de Vin­cent Lyn­don, si juste, que si je croi­sais l’ac­teur demain dans les rues de Paris, je lui deman­derais s’il a retrou­vé du tra­vail. Ce film qui évite toute référence par­ti­sane est un grand film poli­tique. Il met en scène l’hu­mil­i­a­tion à laque­lle notre société du bon­heur oblig­a­toire a réduit l’homme.