Étape à Saragosse, grande ville qui, à en juger par le nombre de résidents étrangers, doit avoir de l’argent en caisse. Le plus intéressant est le passage des Pyrénées par le tunnel de Bielsa. Ces villages qui serpentent lourdement au fond des vallées françaises. L’hiver, on les imagine disparaissant sous la neige. Et l’hiver vient tôt. Sur le col, nous mangeons devant un feu, nous achetons des cannes. A Villeneuve, avant de reprendre la route, nous sommes allés à la Chartreuse pour revoir la cellule où j’ai passé en 2002 trois mois de résidence pour écrire du théâtre. Avec Gala, main dans la main, nous nous baladons du grand cloître au cloître des morts puis dans le transept à ciel ouvert de l’église étonnés de nous retrouvé là, quatorze ans plus tard. Et peut être me suis-je souvenu de cette canne que le concierge avait fabriquée pour moi, que j’ai beaucoup aimée, que je n’ai pas eu le temps d’utiliser et qui a disparu avec la maison et le reste lorsque j’ai quitté l’Ain il y a cinq ans. L’après-midi, nous traversons l’Aragon. Au milieu de cette nature sauvage, sur un massif encerclé d’eaux, le village, l’église, la forteresse, comment dire, la navette spirituelle et militaire du Sanctuario de Torreciudad. A la station service, au milieu d’un désert de rochers, je demande à la fille qui fait le plein: qu’est-ce que c’est cette chose?
- L’Opus dei.