Et maintenant, il faut un tampon. Nous sommes dimanche, je marche dans la campagne, le téléphone sonne. “Alexandre, me dit le garagiste, les documents sont prêts, mais pour établir la carte grise, il faut le tampon de votre entreprise. Quand prenez-vous la route? Ah, je vois! Non, ça n’ira pas. Même si vous postiez les ce soir, avec le tampon s’entend…” Ais-je cette chose, un tampon? Peut-être. A Genève, sur le bureau, à droite de l’entrée. A 100 kilomètres. En fin de journée, nous sommes au garage, à Oron, avec l’Opel de service, le vélo, nos valises. Le garagiste a trouvé la solution: “je vous ai fait une feuille, là, tenez! Quand vous aurez le tampon en main, vous tamponnez ici, ici et là!”
- Et après?
- Zut, c’est vrai, vous partez en Espagne! Enfin, vous pouvez toujours essayer de rouler sans carte grise.
J’oublie de lui dire qu’avec ce que je compte cacher dans la voiture, sans permis, au volant d’une voiture qui n’est pas à mon nom, traverser un pays, la France, où j’ai une statut de personne recherchée, comporte quelques risques.
- Pour le reste, fait la garagiste, il n’y a rien à savoir. C’est une voiture toute simple. Là, il y a un témoin lumineux vert, ne vous inquiétez pas, ce n’est rien!
Et nous prenons la route, moi devant, au volant de la fourgonnette Opel, Gala derrière, dans la Dacia. Au magasin, dans cette rue bourgeoise, mondialisée, lausannoise, cette affreux boulevard de Babel sous gare, il n’y a rien à faire que boire — je finis la caisse de Hacker-Pschorr.