Épouvanté par la fréquentation des rues du centre-ville. A tous point de vue, un zoo mondialisé. Est-ce de vivre dans un village d’Espagne habité par des Espagnols, gens calmes, agréables, sans imagination peut-être, mais bienveillants et humbles? De la fenêtre de ma chambre d’hôtel, au septième étage du NH, j’observe le ballet des voitures sur les grandes places. Des immigrés décorés comme des sapins de Noël donnent de l’accélérateur devant des femmes engoncées dans des bas de pyjamas. Chaque bouffée de gaz, chaque pneu arraché renvoie à la frustration, à la bêtise, à la négation de la qualité de vie. Et sur le boulevard Pérolles? Trente échoppes de fast-foods où une population acculturée mange avec les mains l’air ravi. Plus tard, j’ai rendez-vous au Café de la Presse. Un Brésilienne noire comme le chocolat écoute la commande, n’y comprend rien, apporte petit quand c’est grand et chaud quand c’est froid. A notre arrivée, la table est crasseuse. Je débarrasse un cendrier débordant de mégots. Pour caler le ticket de la commande, elle récupère le cendrier, le place sous mon nez.
- Elle est serveuse depuis un quart d’heure, dis-je aux enfants.
Deuxième service: cette fois, je précise ce que je veux, une chope. Et j’explique ce que le mot veut dire en français. Elle apporte un litre de bière.
- Je suis désolé, fait-elle, je viens de commencer.
De toute évidence, Fribourg, comme les autres villes de Suisse, commence une expérience avec une population toute neuve: je préfère ne pas en être.