Place du marché

Ven­dre­di, lors du marché qui se tient sur la place du vil­lage, Gala et moi dis­cu­tons devant l’é­ta­lage des pots du fleuriste. Un cou­ple de retraités nous souf­fle un nom qui nous échappe; désig­nant une plante grim­pante à tige frêle, le mon­sieur dit:
- C’est une dame blanche.
Et il nous explique en français, qu’i­ci, en Espagne, elle donne des fleurs mauves, mais qu’il faut être pru­dent car cer­taines var­iétés, lorsqu’elles se fanent, tombent au sol et tachent. A Gala, je mon­tre un buis:
- Mais c’est pour les cimetières!
Et le mon­sieur de renchérir:
- Ma femme et moi, on est pas pressés.
- Qu’on y arrive, mais le plus tard pos­si­ble, fait Gala.
Il est facile de devin­er que le cou­ple par­le le français parce qu’il a tra­vail­lé en Suisse. Ce que la suite de la con­ver­sa­tion con­firmera: retraités ils sont demeurés là où ils ont passé leur vie active, dans le Jura, à Saint-Imi­er. Encour­agés, les voici qui font les présen­ta­tions: les enfants, infir­mière et médecin, les petits-enfants, à la Chaux-de-Fonds, leur mai­son, dans ce vil­lage, d’où ils ont d’ailleurs orig­i­naires, ils vien­nent d’y séjourn­er deux mois, mais il faut repar­tir, ce sera pour dimanche…
Et soudain, le mon­sieur, entre des tas de légumes, la dame blanche et les gitans vendeurs de draps:
- Pour aller à l’hôpi­tal en venant d’Yver­don, il faut pren­dre quelle sortie?