Cette nuit, m’est apparu dans le demi-sommeil le salon de réception d’un ferry. Je reconnais la cabine de change, le bureau d’information, la moquette rouge tendue sur les marches d’escalier et ajustée par des baguettes dorées, les portes qui donnent sur le pont passagers et les parois plaquées de bois. Les détails sont frappants. J’ai un point de vue. Il correspond à l’endroit où je me tenais sur ce ferry lorsque j’ai fait la traversée. Quand était-ce? Je cherche. Je ne me souviens pas d’avoir pris place à bord d’un ferry. Puis cela me revient: il y a dix-sept ans, ne supportant plus l’ennuyeuse Copenhague, j’ai laissé Olofso derrière moi et j’ai quitté la ville une semaine avant la fin des vacances pour rejoindre l’Allemagne et la Suisse par le train et par le bateau. Que cette scène m’apparaisse cette nuit avec un tel luxe de détails trahit le fonctionnement mystérieux de la mémoire.