Passage des vivants

Com­ment mar­quer son pas­sage de vivant quand les mar­ques pro­pres sont indus­trielles? Ques­tion qui ne se pose pas pour les indi­vidus par­ti­sans de l’in­dus­tri­al­i­sa­tion de l’homme, ceux qui, nés au milieu d’un mag­a­sin mon­di­al des mar­ques numériques, se sont forgés une per­son­nal­ité pro­pre qui n’est que l’ad­di­tion et la com­bi­nai­son de mar­ques indus­trielles. En d’autres ter­mes, ces indi­vidus jugent inutile le socle human­iste de la civil­i­sa­tion quand ils ne le con­damnent pas au nom de ses crimes. Cela revient à pass­er à la trappe tout ce qui a fait advenir l’homme libre des sociétés occi­den­tales donc l’homme indus­triel. Et cepen­dant, cela peut se faire sans con­tra­dic­tion en arguant d’un change­ment de par­a­digme. Il y a un homme con­tem­po­rain fruit d’un devenir mil­lé­naire et un homme à venir, fruit de la rup­ture avec l’homme con­tem­po­rain. Quelle que soit la posi­tion que l’on adopte face à cette évo­lu­tion, deux choses appa­rais­sent cer­taines. D’abord, dire n’est pas résis­ter, parce que le pro­grès est un dire qui passe à l’acte alors que le dire de la cri­tique n’est qu’un dire sym­bol­ique et que nos valeurs dom­i­nantes sont matérielles. Ensuite, que l’o­rig­ine psy­chologique de cette aven­ture qui s’an­nonce est la fatigue de l’être occi­den­tal dans sa con­fronta­tion héroïque à la mort.