Mois : juillet 2016

Coupure

Tra­vail con­cen­tré dans l’avion. Tou­jours la coupure his­torique. Enfin, tou­jours! Je n’ai pas com­mencé, j’assem­ble des notes, je tire des traits, je fais un plan à par­tir de deux autres plans; d’ailleurs la petite table est trop petite. Il faut encore y faire tenir Mar­cuse, Wiener, un arti­cle sur la philoso­phie de l’his­toire, une canette de Coca-Cola et un gob­elet. Juste avant l’at­ter­ris­sage, j’ob­tiens une syn­thèse. La voi­sine qui joue au Tetris sem­ble soulagée. Mais aus­sitôt les feuilles repliées, j’hésite. Pour véri­fi­er que cela fonc­tionne, je fais un sché­ma, je des­sine les con­cepts: pour les cycles de con­cen­tra­tion des com­mu­ni­ca­tions une ser­pent aux anneaux de taille vari­able, pour la coupure un éclair, pour le gou­verne­ment invis­i­ble et les poli­tiques un enc­los. A regarder cela de plus près, je pour­rais généralis­er la for­mule, plac­er ici et là, dans le texte, des dessins conceptuels… 

i.s.

Sauvons ce qui est beau

Balai

Je donne un coup de bal­ai sur mon toit. Je me dis: en ce moment, partout sur terre, des gens bal­aient. Un morceau de trot­toir, un bal­con ou un escalier, un préau, une cour. Ils ren­dent le monde un peu plus propre.

Enfants

Genève, aéro­port de Coin­trin. Dix semaines que je n’ai pas vu les enfants. Étrange. L’im­pres­sion que l’on vient de me faire deux petits adultes.

Nouvelle Rome

Les tournois sportifs sont à l’im­age de notre société: les mer­ce­naires dans l’arène, le peu­ple dans la tri­bune, l’exé­cu­tif invis­i­ble der­rière le nuage infor­ma­tique. Rien de changé depuis Rome — homéostasie générale.

Ruse

Stratégie de la ruse marchande appliquée au dis­cours poli­tique: ven­dre ce qui n’ex­iste pas et dont le marc­hand prou­ve l’ex­is­tence en le mon­trant (l’aspi­ra­teur mir­a­cle ou la guerre du Golfe).

Dispute

- Que 2 et 2 ne fassent pas 4, je veux bien dit le philosophe, mais que 2 et 2 ne fassent pas 4 quand 3 et 2 font 5, c’est un peu fort Mon­sieur le politi­cien!
- Et moi qui croy­ais, Mon­sieur le philosophe, que les philosophes avaient le don de se met­tre au-dessus des points de vue sin­guliers pour les partager tous!

Invasion terrestre 2

Donc nous sommes face à cette sit­u­a­tion extra­or­di­naire: nous gob­ons cette his­toire d’in­va­sion inévitable parce qu’après une bonne journée de tra­vail, ce que nous voulons, c’est ren­tr­er dans nos apparte­ments, manger, nous asseoir devant le téléviseur et faire l’amour. Un Ana­tolien, un Syrien, un Pak­istanais, un Malien ne pense pas ain­si: il se dit que s’il veut con­tin­uer à pou­voir tra­vailler, ren­tr­er chez lui, manger et faire l’amour, il doit défendre son territoire.

Invasion terrestre

De Damas à Fri­bourg, il y 3800 km (je sais, j’y suis allé à vélo en 1998). Je ne manque pas de physique et cela ne s’ac­quiert pas en quelques heures. Dans ces con­di­tions pour­tant, je ne marche pas plus de cinquante kilo­mètres par jour en ter­rain plat et je ne garan­tis rien après une semaine à ce rythme. Bien sûr il y a des trains, des camions, des bateaux, mais qui d’en­tre nous peut utilis­er ces trains, camions et bateaux sans pay­er? Donc les immi­grés qui n’ont rien ont de l’ar­gent. A moins que quelqu’un leur en donne. Ensuite, on nous dit qu’il est impos­si­ble d’empêcher leur venue. Que veut-on dire? Que les trains, camions et bateaux ne sont pas vis­i­bles? pas con­trôlables? que des cen­taines de mil­liers de per­son­nes le long d’une route ne sont pas vis­i­bles? Lorsque je tra­ver­sais les mon­tagnes d’Ana­tolie, j’avais à peine mis pied à terre que toute la con­trée répé­tait mon nom. Donc, je ne crois pas un instant à cet énorme men­songe de l’im­mi­gra­tion dont les Européens sont les victimes.

Passion

La vie est pas­sion­nante si on la rend pas­sion­nante; quand nul n’y songe, cela équiv­aut à soulever une montagne.