Travail concentré dans l’avion. Toujours la coupure historique. Enfin, toujours! Je n’ai pas commencé, j’assemble des notes, je tire des traits, je fais un plan à partir de deux autres plans; d’ailleurs la petite table est trop petite. Il faut encore y faire tenir Marcuse, Wiener, un article sur la philosophie de l’histoire, une canette de Coca-Cola et un gobelet. Juste avant l’atterrissage, j’obtiens une synthèse. La voisine qui joue au Tetris semble soulagée. Mais aussitôt les feuilles repliées, j’hésite. Pour vérifier que cela fonctionne, je fais un schéma, je dessine les concepts: pour les cycles de concentration des communications une serpent aux anneaux de taille variable, pour la coupure un éclair, pour le gouvernement invisible et les politiques un enclos. A regarder cela de plus près, je pourrais généraliser la formule, placer ici et là, dans le texte, des dessins conceptuels…
Mois : juillet 2016
Dispute
- Que 2 et 2 ne fassent pas 4, je veux bien dit le philosophe, mais que 2 et 2 ne fassent pas 4 quand 3 et 2 font 5, c’est un peu fort Monsieur le politicien!
- Et moi qui croyais, Monsieur le philosophe, que les philosophes avaient le don de se mettre au-dessus des points de vue singuliers pour les partager tous!
Invasion terrestre 2
Donc nous sommes face à cette situation extraordinaire: nous gobons cette histoire d’invasion inévitable parce qu’après une bonne journée de travail, ce que nous voulons, c’est rentrer dans nos appartements, manger, nous asseoir devant le téléviseur et faire l’amour. Un Anatolien, un Syrien, un Pakistanais, un Malien ne pense pas ainsi: il se dit que s’il veut continuer à pouvoir travailler, rentrer chez lui, manger et faire l’amour, il doit défendre son territoire.
Invasion terrestre
De Damas à Fribourg, il y 3800 km (je sais, j’y suis allé à vélo en 1998). Je ne manque pas de physique et cela ne s’acquiert pas en quelques heures. Dans ces conditions pourtant, je ne marche pas plus de cinquante kilomètres par jour en terrain plat et je ne garantis rien après une semaine à ce rythme. Bien sûr il y a des trains, des camions, des bateaux, mais qui d’entre nous peut utiliser ces trains, camions et bateaux sans payer? Donc les immigrés qui n’ont rien ont de l’argent. A moins que quelqu’un leur en donne. Ensuite, on nous dit qu’il est impossible d’empêcher leur venue. Que veut-on dire? Que les trains, camions et bateaux ne sont pas visibles? pas contrôlables? que des centaines de milliers de personnes le long d’une route ne sont pas visibles? Lorsque je traversais les montagnes d’Anatolie, j’avais à peine mis pied à terre que toute la contrée répétait mon nom. Donc, je ne crois pas un instant à cet énorme mensonge de l’immigration dont les Européens sont les victimes.