Les analytiques ont raison: il n’y a de vérité que comme équivalence. Vérité mathématique. Tout autre usage est métaphorique. Appliquée à un système philosophique ou, pour le dire en termes contemporain, à un ensemble de thèses philosophiques, la vérité ne désigne que la conformation logique des énoncés et à leur capacité à faire ensemble. C’est également la raison pour laquelle, à s’en tenir à la définition stricte de la vérité, les analytiques ne peuvent rien dire sur le monde: leur rigorisme logique leur ravit l’objet qu’ils se proposent d’étudier. Mieux vaut entendre la philosophie — ce que nous faisons d puis plus d’un siècle dans l’approche humaniste — comme un ensemble de propositions manifestant sous forme rationnelle des enjeux cachés. D’où la part magique que joue l’intuition (dont se privent les analytiques, ce qui les transforme en savants d’un monde savamment modélisé).