Transhumanisme

A terme — et chiffr­er ce “terme” en années étant impos­si­ble, nous sommes d’emblée en poli­tique — le tran­shu­man­isme pour­rait met­tre en place des thérapies d’al­longe­ment de la vie garan­tis­sant un vieil­lisse­ment général sur deux ou trois cent ans. D’abord, il faut remar­quer que ce type de promesse sous­trait aux reli­gions leur dernier fond de com­merce, la vie éter­nelle, et rad­i­calise le con­flit entre moder­nité tech­nologique, camp Nord, et prim­i­tivisme théocra­tique, camp Sud. Ensuite, qu’il est peu prob­a­ble que les pro­jets de régu­la­tions de la dis­ci­pline émanant des Etats infléchissent les principes de recherche en les con­frontant à des exi­gences éthiques puisque les seuls capa­bles de com­pren­dre les enjeux sont les sci­en­tifiques, lequel sont derechef juges et par­tie (sans par­ler de la dimen­sion démoc­ra­tique de la déci­sion, fatale­ment absente). Enfin, que la liai­son cap­i­tal- recherche-médias “fab­ri­quera le con­sen­te­ment”, comme dirait Chom­sky, et pour une fois, sans avoir à recourir aux moyens com­plexe du neu­ro­mar­ket­ing, tant il est évi­dent que rares sont les vivants qui refuseraient un allonge­ment de la vie. Or, il se trou­ve que j’en fais par­tie. Pour des raisons philosophiques com­pliquées, liées au con­cept même de la “vie”, mais égale­ment pour des raisons immé­di­ates: je tiens que la quan­tité d’én­ergie mobil­isée par l’in­di­vidu pour la réal­i­sa­tion de ses buts n’est pas mod­i­fi­able de sorte que s’il vivait deux cent ans plus tôt que soix­ante, seul serait mod­i­fiée la répar­ti­tion de l’én­ergie. Au lieu de faire ce que nous faisons dans le temps de nos vies actuelles, nous le feri­ons sur le dou­ble ou le triple de temps, ce qui provo­querait une ralen­tisse­ment con­sid­érable dans le vivant. Que l’on se sou­vi­enne, qu’au VI ème siè­cle avant J.C., dans l’Athène tyran­nique, l’e­spérance de vie était de quinze ans. Le cas est extrême. Pour­tant, ce peu­ple semi-troglodyte avait déjà une organ­i­sa­tion sociale, donc des chefs, des savants, des com­bat­tants et des cel­lules famil­iales, c’est-à-dire une réal­i­sa­tion de buts col­lec­tifs et individuels.