Pour le bombardement de la ville de Genève

“Oh, me dit cette fille, quelle chance d’habiter Genève, c’est si cos­mopo­lite!“
Com­men­taire de touriste! Cos­mopolitisme est d’ailleurs un terme impro­pre. Il sup­pose une com­mu­ni­ca­tion entre des per­son­nes héri­tant de leur cul­ture. Qu’avons-nous dans Genève (dans toutes les villes qui font dor­toir économique selon le principe du plus petit dénom­i­na­teur com­mun), sinon un entasse­ment d’i­den­tités fondée sur la seule extéri­or­ité: couleur de la peau, habits, signes religieux, langues. Pareille divi­sion de la société ne prof­ite qu’à une idéolo­gie, celle de l’ar­gent. Dans cette mesure, Genève est en effet un parangon. L’E­tat se félicite d’ac­cueil­lir dans ses murs ces agences de paix post-gou­verne­men­tales dont la mis­sion est d’émet­tre des avis sur le monde tel qu’il devrait être.  Il fait bien: d’un côté, le dor­toir accoté à la machine à pro­duc­tion, le réel, d’autre part, des con­tin­gents de bien-pen­sants, occupés à la pro­duc­tion sym­bol­ique, la fic­tion. Tout cela pour que cir­cule à bonne vitesse un argent sur lequel l’E­tat (de moins en moins) et l’oli­garchie (de plus en plus) exerce son rack­et.