Petit magasin de disques

Petit, ce mag­a­sin de dis­ques comme il en exis­tait jusque dans les années 1980. Planch­er repeint, bacs de guin­go­is bour­rés de vinyles et la sec­tion nou­velle des CDs. D’ailleurs, je con­nais le vendeur, un vieux punk sur le retour, la crâne désor­mais nu. Il fait sa caisse du matin. Je feuil­lette les albums. Soudain la porte tinte. Entre un trio de messieurs.
- Tes amis? Demande le vendeur.
Ce sont des hommes en pan­talon gris. La chaleur les oblige à tenir leur veste de cos­tume sous le bras. Ils por­tent une même chemise rayée.
- Jamais vu!
Et je con­tin­ue ma com­pi­la­tion des arrivages. L’un des hommes se met à artic­uler des noms:
- Felix Grade? Jean Bourèle? Oscar Dominguez?
Je com­prends: il énumère une liste de clients. Le vendeur répond:
- Pas payé. Pas payé. En fail­lite. Pas payé.
Puis comme l’homme à la chemise accélère son énuméra­tion des créanciers:
- En fail­lite! En fail­lite! En fail­lite!
Un instant, je me dis­trait car j’ai décou­vert un album de Crass qui pub­lie des bootlegs de Dis­charge avec Sid Vicious au chant. Quand je renoue, j’en­tends les trois hommes déclar­er sur un ton aimable :
- Aucune impor­tance, con­tin­uez à tenir votre mag­a­sin de disques!