Chiens

Ce dimanche avaient lieu en Espagne les sec­on­des élec­tions par­lemen­taires en six mois, les for­ma­tions issues des précé­dentes n’ayant pas dégagé de majorité cir­con­stan­ciel pour élire un pre­mier min­istre. Sur la côte, les Espag­nols vivent cet événe­ment dans la résig­na­tion et promè­nent leurs chiens. Quand on les ques­tionne, ils n’ont qu’un mot à la bouche: les politi­ciens sont des voleurs. A en juger par les affaires de cor­rup­tion que rap­por­tent chaque jour les quo­ti­di­ens (plusieurs pages dans chaque édi­tion), ils n’ont pas tort. Il faut par ailleurs remar­qué que la gabe­gie que font régn­er les politi­ciens dans l’en­ceinte par­lemen­taire depuis six mois n’a fait qu’aug­menter leur dis­crédit auprès de la pop­u­la­tion: avec ou sans gou­verne­ment, rien dans la vie quo­ti­di­enne des Espag­nols n’a changé au cours de cette péri­ode. Au-delà des joies appar­entes qui se traduisent par les prom­e­nades en famille, les repas en groupe et le chant, le dés­espoir s’ex­prime dans un marché en crois­sance rapi­de, celui du chien. Plus pré­cisé­ment, celui du chien de lab­o­ra­toire, de la taille d’un rat, que l’on coiffe dans des salons spé­cial­isés, masse dans des cab­i­nets spé­cial­isés et traîne der­rière soi à tout heure du jour et de las nuit comme une récon­for­t­ante peluche. Le mal serait moin­dre si, à force d’être gavé de pro­duits vit­a­m­inés, ces chiens devenus fous ne s’é­taient mis à par­ler. Un trop plein d’én­ergie (la plu­part des rési­dents de la côte étant des locataires, les bêtes sont stock­ées en apparte­ment), les fait pouss­er sans inter­rup­tion un agaçant babil. Les politi­ciens ne s’y sont pas trompés qui ont fait posé dans toute l’ag­gloméra­tion des affich­es où l’on voit un électeur pos­er avec son chien sous ce slo­gan: “Sa voix, ton vote!” — (“Su voz, tu voto!”)