Dans l’arrière-boutique de Lausanne, je démonte et encaisse mon vélo de course. Les enfants me rejoignent à Genève, nous mangeons sur une terrasse. Comme je désigne un appartement au dernier étage de l’immeuble qui surplombe notre restaurant en disant, “c’est là que vit B” (mon collègue de travail, ou plutôt, celui à qui je cède partie de mon salaire pour qu’il travaille à ma place), B. apparaît sur la terrasse. De retour au bureau, Monfrère règle les factures, nous disons au revoir aux enfants et nous partons pour l’aéroport. A Porto, comme le taxi qui nous prend en charge admire nos coffres à vélo, je l’informe que nous faisons partie de l’équipe du champion suisse Fabian Cancellara. Impressionné, il se met à nous poser des questions sur les coulisses du Tour de France. Nous descendons au Palacio de Porto, cet hôtel aux tapis profonds, aux alcôves obscures, aux parois tendues de peluche rouge qu’éclairent des lustres dorés. Le réceptionniste de 17 ans demande avec beaucoup de sérieux si nous avons déjà fréquenté l’établissement comme s’il s’agissait d’un club.
- Oui.
Il nous remercie et appelle un groom. Celui-ci monte les vélos, les pose dans la chambre et demande des tuyaux pour l’entraînement. Plus tard, nous buvons de la Sagres tirée au baril, mangeons quelques uns de ces plats sans saveur dont raffolent les Portugais et regardons tomber une pluie de mauvaise augure.