Parler-faire

Gens qui craig­nent de par­ler. Ami­caux, socia­bles, de bonne humeur, dès qu’ils ont salué, ils sèchent, ne savent com­ment se tenir, red­outent d’avoir à entr­er en con­ver­sa­tion. Cela est aus­si peu naturel que l’est pour moi le foot­ball ou le karaté. Si je fais une remar­que et ménage un temps néces­saire, ils répon­dent, obser­vent l’ef­fet obtenu, pondèrent ma réac­tion. Si je per­siste et fais pro­fil bas, ils ray­on­nent: ils sen­tent qu’il vont y arriv­er, ils y arrivent. Alors leur atti­tude change. Elle est mar­quée de recon­nais­sance. Et cepen­dant, la crainte demeure. Elle ne dis­paraît qu’une fois le lan­gage con­fié au corps, lorsque le rap­port entier relève des gestes et de leur cod­i­fi­ca­tion. Lorsque dans cet autre lan­gage l’un d’en­tre eux témoigne de ma réus­site, c’est à mon tour d’être reconnaissant.