Cette habitude des bourgeois du dix-neuvième d’herboriser. Gide raconte ces promenades savantes, mais note peu de choses sur ses trouvailles; Calaferte est à demeure, mais nous convie à regarder pousser les fleurs et plantes de son jardin. Lorsque je lis son journal, je saute ces passages. Et voici que j’ai acheté à un pépiniériste qui tient un stand au village le vendredi un palmier, des tomates, un cactus, de la coriandre et du persil. Ainsi qu’un pin maritime. Celui-là vient du supermarché. Haut de dix centimètres, il était présenté dans un carton échancré. Je comptais vingt cartons du même type côte à côte rangés comme des chocolats dans une boîte. Le rapport entre la standardisation, le rangement et le fait qu’il y ait là quelque chose de vert, qui pousse et grandit sollicitait l’imagination. Au déballage, je vis que ses racines trempaient dans un sachet de gel bleu. A ce jour, j’ignore s’il est vivant.