Vélo 4

Depuis le port de Mala­ga, il faut longer le quai, pass­er un décroche­ment de route sur la falaise, tra­vers­er une crique où rugit une cimenterie, tra­vers­er une sec­onde crique, revenir sur le bord de mer, mon­ter en direc­tion des ter­res: là se trou­ve l’im­meu­ble, blanc et délavé, à flanc de coteau. L’ap­parte­ment est meublé. Au qua­trième. Rem­pli des pho­togra­phies d’un cou­ple, de lits de bébés, de jou­ets d’en­fants. Sur les cadres de portes, des pho­togra­phies de la vierge. La déco­ra­tion, selon le goût espag­nol: désas­treuse.
- J’aime beau­coup. Et toi?
Gala est aphone.
Une, deux trois cham­bres.
- Petites, fait Gala.
- Oui, mais dans la plus petite, je ferai mon bureau. Voyons les ter­rass­es!
L’a­gent s’empresse. La pre­mière donne sur la façade de l’im­meu­ble voisin. Bal­cons et linges aux fenêtres. Par le temps qu’il fait, gris, on dirait une toile de Rauschen­berg, époque dra­peaux améri­cains. Un escalier à vis amène sur le toit. Là s’ou­vre un solar­i­um de 50 mètres car­rés. La mer appa­raît au loin. Avec cela, un garage, une piscine com­mune, un cours de pad­dle. Je demande à réfléchir jusqu’au soir. L’a­gent s’en va. Nous descen­dons au vil­lage. Dans l’or­dre, voici un super­marché, une boulan­gerie, une boucherie, des bars, des reas­t­au­rants, la plage, la mer.
- Alors? Je demande.
- Très bien, dis­ent les enfants.
Gala se tait.
Vient le soir. Un demi-heure avant le ren­dez-vous, Gala n’a tou­jours pas pronon­cé un mot. Elle se met au lit.
- Gala, dans une demi-heure, je dois don­ner une réponse.
- Le mieux serait d’aller voir à Tor­re­vie­ja. Moi, Tor­re­vie­ja, ça me paraît plus judi­cieux. D’ailleurs, c’est ce que tu as tou­jours dit.